Revue 2010 / Arts visuels : Rendez-vous funèbres
Des visages désincarnés, une robe de mariée ressemblant à un bûcher, des corps de femmes rachitiques… En 2010, la mort a visité plusieurs expos de la région.
S’il y a une chose qui a fait jaser en 2010 en arts visuels dans la région, c’est bien l’expo territoriale des membres de Médiat-Muse La mort… des expositions à vivre! En effet, pour la période estivale, plus d’une vingtaine de galeries et d’institutions muséales de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont présenté des expositions sur le thème de la mort. Si certaines ont traité le sujet de manière plus positive (le mariage, vieillir en forme, les yeux cachés de la forêt), d’autres n’ont pas hésité à fouiller sa face un peu plus obscure.
REGARDER LA MORT
Le Musée des religions du monde de Nicolet a été l’un de ceux qui ont abordé la question sans mettre de gants blancs. Pour l’occasion, il a reçu la troublante À la vie, à la mort de la journaliste Beate Lakotta et du photographe de renommée internationale Walter Schels. Cette exposition rassemblait les portraits de 26 personnes (autant des adultes que des enfants) atteintes d’une maladie incurable, avant et après le passage de la Faucheuse. Les émouvants clichés en noir et blanc étaient accompagnés, pour chacun des disparus, d’un texte résumant leur état d’âme à la veille du grand voyage. Sans doute en raison de son côté "spectaculaire", l’expo a battu des records de fréquentation.
VRAI OU FAUX
Dans un autre registre, l’exposition L’écho-l’eau de Richard Purdy (Prix à la création artistique 2010 du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la région de la Mauricie) a aussi suscité son lot de réactions. Présentée à l’Espace Shawinigan, elle consistait en quatre installations sur le thème de l’eau. La plus impressionnante (Unrestored) invitait le public dans le monde de l’illusion: quelque 600 toiles vieillies dans le yogourt (une méthode utilisée pour leur donner un fini vieillot) semblaient se multiplier par deux, en se reflétant dans une mince couche d’eau au sol.
Comme Purdy, la Biennale nationale de sculpture contemporaine a jonglé avec le vrai et le faux en articulant ses activités de 2010 sur le thème Trompe-l’oeil au cube. Soulignons qu’elle a organisé pour la première fois des événements satellites en périphérie du centre-ville de Trois-Rivières, soit à Champlain et au Parc de l’île Saint-Quentin.
Maintenant, que nous réserve 2011? Ça reste encore à voir. Mais une chose est sûre: on devrait mettre la mort un peu de côté!
Top 5 / Expos
1- L’écho-l’eau de Richard Purdy (Espace Shawinigan)
On ne peut qu’applaudir l’inventivité de Purdy et ses idées de grandeur.
2- À la vie, à la mort de Beate Lakotta et Walter Schels (Musée des religions du monde)
Avec ses clichés et les témoignages recueillis, le couple ouvrait grand la porte à la discussion sur un thème aussi sensible que la mort.
3- Antarctica, espace(s) de fragilité de Lorraine Beaulieu et Philippe Boissonnet (Galerie d’art du Parc)
Très d’actualité, le couple Beaulieu-Boissonnet offrait des fragments de ses réflexions à la suite d’un séjour sur le continent de glace. On a apprécié le dépaysement.
4- Le grand silence de Mylène Gervais (Galerie d’art du Parc)
On salue l’audace de l’artiste d’avoir invité les visiteurs à se glisser dans un sac de morgue, dans le cadre de cette expo sur la mort.
5- Avec présence végétale de Jean-Pierre Gaudreau (Centre de diffusion Presse Papier)
Une expo rafraîchissante, qui nous a fait rêver.