Valérie Levasseur : La nature endimanchée
Arts visuels

Valérie Levasseur : La nature endimanchée

Salissant, le métier de travailleur environnemental? Pas si on se fie aux poétiques photos de La valeur de ma nature de Valérie Levasseur.

La photographe Valérie Levasseur entretient un lien privilégié avec la nature. Née en Abitibi, puis ayant déménagé dans les Laurentides (Mont-Laurier) à l’adolescence, elle a toujours considéré la forêt comme un immense terrain de jeu, un lieu où toutes les fantaisies étaient permises.

Dans La valeur de ma nature, elle a donc joué à la metteure en scène. Au centre de ses photos, un travailleur environnemental – personnifié par elle-même – que l’on suit à travers ses tâches quotidiennes. "Ce sont des mises en scène un peu ludiques. En apparence, on voit un travailleur qui mesure. Puis, on se rend compte qu’il travaille avec un ruban à mesurer qui ne se peut pas, avec de la dentelle et des codes qui sont inspirés d’analyses réelles", souligne l’artiste qui expose au Centre d’exposition Léo-Ayotte dans le cadre du Mois de la photo. Outre les outils romantiques, les vêtements mêmes du personnage nous rappellent qu’on a affaire à de la fiction. "Je me suis fait un costume de travailleur environnemental, mais poétique. J’ai modifié une chemise Big Bill: je l’ai ceinturée à la machine à coudre, j’ai coupé les manches pour qu’elle soit plus féminine, j’ai mis de la dentelle. Et je la porte avec une jupe en dentelle blanche", illustre la jeune femme de 29 ans. "Une photo, ça peut être esthétique ou documenter un événement. Moi, je me situe entre les deux. Je fais une mise en scène, je la prends en photo, elle est esthétique et ça documente un geste."

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, La valeur de ma nature ne mise pas sur des couleurs vibrantes, ni sur la luxuriance de la forêt. La bachelière en arts visuels de l’Université du Québec en Outaouais a plutôt développé une esthétique autour de la grisaille, d’où ses clichés pris l’hiver et sur des terrains sablonneux. "Quand tu prends une photo, tu as la chance de choisir juste une partie. Et l’été, quand tu as toutes les feuilles, toutes les fleurs, ça en fait beaucoup. J’aime que ça soit épuré, et ce l’est quand il y a de la neige, du sable. Là, tu peux mettre davantage le focus sur l’objet", conclut-elle.

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La nature, le monochrome, les métiers de la forêt