André Lemire : De la plus belle eau
Mettre le pied à Art-Image pour y découvrir Les arpenteurs, à l’affiche jusqu’au 20 mars, c’est se laisser entraîner dans une aventure extraordinaire où règnent en maîtres le tangible et l’insondable.
D’une part, rien n’est plus concret et palpable que d’épais bouts de carton blanc patiemment découpés puis assemblés par vingtaines, par trentaines, chacun formant ce que l’esprit veut bien identifier comme d’amusants petits poissons en trois dimensions. À travers eux, on sent l’obsession presque compulsive d’André Lemire, l’artiste, dont la volonté conduit à répéter inlassablement le geste technique et rituel.
D’ailleurs, son obsession se traduit aussi par l’installation laborieuse de l’oeuvre, puisque la suspension – soit dit en passant époustouflante – de la poiscaille dans l’espace en un banc gigantesque et animé d’un gracieux mouvement a dû représenter, on se l’imagine, un véritable travail de moine.
Et c’est en partie ce qui confère à l’oeuvre son caractère énigmatique, insaisissable. Même si l’artiste y a laissé la trace évidente de son intervention, le figurant principal, soit le banc de poissons, ne présente-t-il pas au visiteur les idées de la richesse et de la fécondité, évoquant ainsi le "renouvellement universel de la nature", et donc, ce qui pourrait déclencher toute une réflexion sur l’inépuisable quête identitaire et spirituelle?
Bref, l’aventure nous fait plonger dans un univers où de douces lueurs éclairant la conscience nous submergent comme une vague d’océan et où l’hypothétique remonte sans cesse à la surface. On ne manquera pas de surveiller les prochaines sorties de l’artiste.
À voir si vous aimez /
Félix González-Torres, Olafur Eliasson