Yves Tremblay : Tête de touriste
Séance de bronzage sur Mars ou tourisme d’anticipation? Exotisme familier ou dépaysement local? Voyage en tête touristique.
Yves Tremblay, dont l’assiduité et l’engagement sont bien connus du milieu culturel régional, oeuvre au Québec et à l’étranger depuis le début des années 80. Il présente deux projets à la galerie Séquence. Casquette polaire et Têtes touristiques voyageuses 3D rendent compte d’une recherche tridimensionnelle sur support bidimensionnel et d’une occupation de l’espace par des sculptures tout en arêtes et en vides. Notre manière d’appréhender le territoire familier et notre rapport à ses caractéristiques physiques comme sociales alimentent les réflexions de l’artiste.
En parcourant les grandes impressions numériques qui tapissent les murs, on a tour à tour l’impression de voir les traces d’une civilisation disparue, une terre sans hommes et silencieuse habitée par d’anciens dieux et des images exhalées du futur. Les têtes peuplant ces étonnants paysages apparaissent comme des entités autonomes complètement affranchies de corps. La première oeuvre que l’on aperçoit en entrant dans la galerie s’intitule mystérieusement Caduveo. On reconnaît les rives de la rivière Saguenay; pourtant, ce paysage devient étranger après son passage dans une réalité virtuelle opéré par Tremblay. Une violente bourrasque de vent semble soulever une grande quantité de feuilles de papier dans les airs, formant le visage bienveillant et les mains ouvertes d’une figure bouddhique au-dessus des flots. Les titres à message, les lieux identifiables des alentours et l’omniprésence de l’eau sont des caractéristiques que partagent les autres impressions du corpus. Mentionnons également que les sujets, les noms et les images dénoncent éloquemment la politique municipale. Qu’il s’agisse du tourisme, des bateaux de croisière ou de la religion, les oeuvres renvoient à des débats locaux bien connus!
Enfin, Réflexion de la casquette est une installation qui recrée l’armature d’une casquette géante avec des tubulures métalliques. On découvre aussi deux sculptures du même type, les squelettes d’une ampoule et d’une main disproportionnées. Un intéressant questionnement plastique sur notre perception de l’espace, du territoire et sur la simulation.
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