Anri Sala et Young & Giroux : Réseau fragile
Anri Sala et le duo Young & Giroux ouvrent l’année 2011 au Musée d’art contemporain. Bof.
Petit début d’année au MAC. Après une année 2010 de haut niveau (Marcel Dzama, Luanne Martineau, Runa Islam, Bleu, Actes de présence…), voici des expos très attendues, mais qui décevront.
Anri Sala
Né en Albanie, vivant et travaillant maintenant à Berlin, Anri Sala fait un art installatif, sorte de mise en scène où le spectateur devra se repérer dans un parcours d’images et de sons. Ici une vidéo s’achève, plus loin une autre commence et invite le visiteur à se déplacer et à élaborer des liens interprétatifs. Le tout s’enchaîne de façon à produire une sorte de "partition musicale" qui tente de casser la manière linéaire dont nous appréhendons habituellement la narration. L’idée (très moderne) de fragmenter la narration a encore toute sa pertinence, ne serait-ce que pour venir miner les récits dominants (cinéma hollywoodien, série télévisée normalisée…). L’idée de créer un parcours d’exposition plus fragmenté est aussi légitime. Mais qu’en est-il du résultat? Crée-t-il, comme le dit le communiqué de presse, une "atmosphère magique"?
Malheureusement, cette création déçoit. Voici un art qui tente de travailler sur des correspondances (et ruptures) entre sonorité, spatialité, visualité, mais qui tombe souvent dans une illustration facile ou dans une fragmentation qui n’enrichit pas le sens de l’oeuvre (elle semble plutôt l’appauvrir)… Dans Le Clash, Sala fait jouer la chanson Should I Stay or Should I Go par un orgue de Barbarie et a "sculpté" dans les murs les formes des cartons perforés qui permettent à cet instrument de fonctionner… Voilà une illustration assez banale de la musique (une transcription en braille d’un texte avec ça?). Et les autres interventions et vidéos ne sont pas vraiment plus captivantes. De quoi parle le cheval sur l’autoroute dans Time After Time? Je ne sais trop… Un art qui fait beaucoup penser au rapport pseudo-songé que Christian Marclay entretient avec la musique. Une contestation peu échevelée, très posée.
Daniel Young et Christian Giroux
Eux aussi travaillent avec une logique non linéaire d’une manière très sage. Dans une salle, ils montrent une structure modulaire complexe inspirée du sculpteur Tony Smith. Dans une autre salle, une vidéo donne à voir (toutes les 8 secondes) chacun des lieux ayant reçu un permis de construction en 2006 à Toronto. On essaie (sans vraiment convaincre) de contester l’ordre (celui de la loi des permis) par le chaos (des architectures très diverses), et de ruiner la systématique du processus de monstration en donnant une place à l’aléatoire (des types de bâtiments). Une simple illustration d’une idée intéressante.
À voir si vous aimez /
Christian Marclay
Anri Sala:
Young & Giroux: