L’armée de terre cuite du premier empereur de Chine : L’histoire en marche
Des statues de l’armée de terre cuite du premier empereur de Chine ont été installées au Musée des beaux-arts. Une expo très bien montée, qui rend justice aux oeuvres présentées.
Cela débute assez tranquillement, avec beaucoup de panneaux donnant des explications historiques, quelques artefacts (intéressants), une maquette… Et puis, c’est le coup de théâtre. Dans une salle plus sombre, avec des éclairages très dramatiques, les voilà enfin, ces statues de terre cuite de la dynastie Qin, réalisées il y a 2200 ans. Les voilà donc, ces dix statues provenant d’un ensemble de 8000 pièces plus grandes que nature, que l’on a commencé à découvrir en 1974 et que l’humanité ne connaissait que par un texte, le Shiji, les Mémoires historiques écrits par l’historien Sima Qian. Et ces oeuvres monumentales sont accompagnées d’un ensemble d’autres sculptures tout aussi passionnantes et présentées avec grande efficacité.
Le spectateur s’attardera donc aussi dans une des dernières salles pour y admirer une installation d’animaux en terre cuite: chiens, cochons, coqs, poules… En fait, cette exposition a été pensée comme une mise en scène de théâtre réussie. Certes, elle a ses excès, ses maniérismes. Ici, la projection sur un mur d’un motif de feuilles d’automne qui tombent, là, sur un faux plafond, une animation d’un ciel nuageux… C’est presque kitsch. Mais en général, cela fonctionne très bien, en particulier dans la salle principale où vous retrouverez des sculptures de chevaux, de soldats… Des miroirs placés à l’arrière de certaines des statues permettent de les voir en détail et d’en démultiplier artificiellement le nombre. Ce qui permet de suppléer au fait que la Chine est très parcimonieuse dans le prêt de ces oeuvres célèbres. Mais même en petit nombre, ces statues sont exceptionnelles. Et ce n’est pas le réalisme (mot galvaudé) de ces pièces, ou la précision des détails, qui en constitue l’intérêt. Elles ont un style bien propre.
Bien sûr, cette expo aurait justement pu être une occasion d’expliquer davantage l’histoire de l’art chinois, art qui nous est peu familier. À ce sujet, le spectateur lira avec attention les panneaux informatifs concernant les couleurs utilisées puisque ces oeuvres, tout comme les statues grecques ou romaines de l’Antiquité, étaient d’une "éclatante polychromie".
Malgré ce bémol, voilà une présentation captivante, même si elle n’est guère donnée (20 $ pour les adultes, 13 $ pour les 13-25 ans… mais heureusement 10 $ le mercredi soir).