Tommy Zen : Le secret
Transcendance, une exposition névralgique qui regroupe des pièces maîtresses du céramiste et artiste peintre Tommy Zen.
Les allers-retours entre la campagne des Cantons-de-l’Est et Montréal, Tommy Giovanni Zen connaît. Avec un atelier de peinture à Stukely-Sud et un autre pour la céramique dans la métropole, plusieurs kilomètres séparent les deux pratiques de cet artiste de renommée internationale. "Présentement, je suis dans une phase de production picturale et céramique à la fois, explique-t-il. Ce matin, j’ai commencé avec ma peinture et là, je continue ma journée à Montréal. Ça fait 30 ans que les opérations céramique y sont établies; c’est une lourde infrastructure."
Malgré la distance physique, les toiles et faïences de Zen semblent provenir d’un seul et même feu. L’exposition Transcendance met cette unité de l’avant alors que d’immenses jarres deviennent le prolongement de peintures où s’agitent les éléments: la terre, l’eau, l’air, ainsi que des flammes d’un rouge étincelant. "Je travaille les couleurs du cercle chromatique, mais le rouge demeure ma couleur fétiche. J’ai pris beaucoup de temps à développer cette couleur. Pour moi, c’est la passion et l’intensité, et non pas la violence. C’est une source d’énergie. Quand le rouge intervient dans mes productions, c’est par nécessité."
On imagine que c’est ce même élan qui amena Zen à renouer avec la peinture il y a six ans. "J’avais mis ça de côté étant donné que la céramique prenait beaucoup de place dans ma démarche artistique, se remémore-t-il. Le tableau laisse plus de liberté à l’exécution poétique du sujet. En céramique, le travail est davantage en symbiose avec la forme." Et les courbes sont celles de la femme. "Oui. Dans mon travail, la sensualité et les rapports de proportions sont reliés au corps humain."
Fils d’ébéniste
Chez Tommy Zen, la finition relève beaucoup de l’ébénisterie. "C’est un héritage culturel. C’est resté. Je ne peux pas passer à côté de mon engouement pour la matière", confirme cet artisan issu d’une famille vénitienne, ébéniste de père en fils.
Une recherche sculpturale s’ajoute au savoir ancestral du "céramiste designer", entre autres par l’utilisation de feuilles de métal. "Les céramiques sont davantage travaillées dans l’esprit d’une sculpture que d’une céramique fonctionnelle. Le revêtement est parallèle à la recherche picturale que je fais sur canevas. C’est une continuité, une symbiose des deux modes d’expression. Avec les feuilles métallisées, il y a tout un jeu qui s’installe. J’ai développé une compréhension quant à la réflexion de la lumière à travers les pigments que j’applique. J’arrive à obtenir un effet de profondeur. Ça fait partie de ma démarche, de mon "secret"."
Les fours de son atelier de Montréal recèlent également leur part de mystère. "Je ne réinvente pas la roue. J’ai tout simplement fusionné deux techniques, celle du tournage et celle du colombin. Le développement s’est fait progressivement. Que ce soient des assiettes, des vases ou des urnes, le procédé est le même", dévoile Tommy Zen. L’artiste est davantage inventeur que cachottier.