Thierry Arcand-Bossé : L’affront peint
La Galerie Lacerte présente l’exposition Horizons captifs mettant en vedette le travail captivant de Thierry Arcand-Bossé. Un engagement subtil pour et par la peinture.
La peinture québécoise présentée ces dernières années chez Lacerte retentit de plus en plus comme un appel à la révolte. Une tendance qui se vérifie encore dans les oeuvres récentes de Thierry Arcand-Bossé où nous poursuivons notre incursion dans l’imaginaire du peintre, situées en exacte correspondance avec la pièce grand format exposée à l’OEil de poisson l’an passé. La propension de l’artiste envers une imagerie proprement narrative et imbibée d’accents cinématographiques s’institue une fois de plus comme un commentaire marginal et cynique des symboles classiques de l’américanité (Ronald McDonald, cowboys, références à Hitchcock, etc.). Symboles qui se voient détournés et fusionnés de façon critique dans ses oeuvres.
Dans cette même veine, certaines images déviées d’une station d’essence (photo) rappellent indirectement les travaux des peintres précisionnistes américains tels Edward Hopper. Quelques citations donc, non pas seulement dans l’imagerie, mais bien dans la matière peinte où les surfaces, dans des gammes aux couleurs éteintes, se voient enserrées de lignes bien tranchées. S’exprimant sur ce point, Arcand-Bossé précise: "Je voulais essayer des nouvelles choses. Quand je regarde certaines portions de ma production récente, très nettes et mathématiques, je ressens un certain vertige alors que je me rapproche d’un caractère illustratif qui, dans une certaine mesure, ne m’intéresse qu’à demi." Au coeur de cette suite, on sent bien le désir du peintre de raffiner sa palette tout en jouant sur les contrastes de netteté (proches et lointains) pour suggérer l’ambiguïté des perspectives. "Oui, on pourrait dire qu’une tension s’établit entre le dessin et la couleur, puisque mon engagement est aussi envers la peinture prise pour elle-même", renchérit-il.
Dans ces oeuvres acerbes et teintées d’un sincère engagement, on tourne autour d’étranges scènes de rapts et d’explosions où la perverse "pétrolisation" du monde en prend pour son rhume et nous invite à l’action. Fiction ou réalité? Dans ou hors de la peinture? À vous de choisir…
À voir si vous aimez /
Martin Bureau, Adrien Hébert, Edward Hopper