Jérôme Porsperger : Classique sans cravate
Le classique est à la portée de tous selon Jérôme Porsperger, qui démocratise ce style musical par l’intermédiaire d’actions et d’installations.
L’artiste belge Jérôme Porsperger termine une résidence de création au Lobe, où vous pourrez découvrir le fruit de sa recherche. Dans la continuité des Concerts invisibles, performances dans lesquelles l’artiste devenait DJ de classique dans des lieux publics, Atomic Class Sick constitue une manière poétique de rendre ce genre musical plus accessible.
Dès son entrée dans la galerie, le visiteur peut lire un texte qui lui donne toutes les clés nécessaires. C’est-à-dire que ces dernières se trouvent en lui-même puisque ici, il n’y a pas de serrures aux portes du classique. Il pourra écrire, s’étendre, applaudir ou pas, ou péter des bulles, à sa guise. Porsperger explique: "Mon installation est l’inverse de l’Opéra Garnier. Elle est classique dans l’autre extrême, ce qui pour moi est le squat." Avec son sol jonché d’objets disparates, son espace habité par tout ce dont une personne pourrait avoir besoin pour y vivre (et plus), la salle d’exposition s’est en effet métamorphosée en squat de mélomane. Un désordre confortable, pour défaire les préjugés guindés qui collent à la peau des grands compositeurs. Le cérémonial qui les entoure agace Porsperger qui tente, par sa démarche artistique, de faire tomber les barrières imaginaires dressées entre les gens et la musique classique. "Pour moi, ce n’est pas juste quelque chose de beau. C’est le vécu, c’est la passion, c’est aussi la chair humaine."
Ton classique
À la suite d’un appel à tous, les intéressés pouvaient participer à des ateliers d’initiation avec l’artiste. Lors de ces rencontres, il y avait discussions, échanges, écoute de musique et explications sur la gestuelle d’un chef d’orchestre. "J’ai rencontré des gens ici. J’ai pas voulu faire des marionnettes, leur dire: "OK, levez tous les mains!", etc. Chacun a sa personnalité." Le 1er avril aura lieu le vernissage durant lequel un concert performatif impliquera ces personnes ayant créé un lien musical avec Porsperger. Dès 18h30, vous êtes attendus pour une "schubertiade", rencontre autour de la musique classique que l’artiste souhaite informelle. "Il faut casser tous les codes un à un. C’est gratuit, il n’y a pas d’horaire ni de programme, les choses se font sans chichis, et les gens peuvent s’asseoir partout où ils veulent. Qu’on se dise que le classique, ça peut se vivre comme ça aussi." Lorsqu’on lui demande pourquoi il utilise les arts visuels pour parler de musique classique, ce que cet art peut apporter à cet autre, Porsperger répond: "Parce qu’on vit dans un monde visuel, et que quand tu dis "musique classique", les gens voient tout de suite la salle de concert, le velours rouge, les lustres et tout ça, et ils n’entendent même pas la musique. J’aime que les gens puissent s’y identifier et se l’approprier à leur manière."
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La musique classique, Rober Racine, les chefs d’orchestre