Conte crépusculaire: Pierre Lapointe et David Altmejd : Le roi se meurt
Avec Conte crépusculaire, le chanteur Pierre Lapointe et l’artiste David Altmejd unissent leurs deux univers pour en créer un tout nouveau.
Ceux qui suivent le parcours de Pierre Lapointe savent à quel point le chanteur affectionne les projets qui le sortent des sentiers battus. Personne ne s’étonnera donc de le voir s’associer au Montréalais David Altmejd, connu pour avoir tenu de nombreuses expositions individuelles et collectives tant au Québec, au Canada, qu’à l’étranger, en plus d’avoir représenté le Canada à la Biennale de Venise en 2007, entre autres. "J’ai découvert le travail de David Altmejd lors d’une expo à la Galerie de l’UQAM en 2006", se souvient Pierre Lapointe, joint en pleine répétition. "J’ai immédiatement été fasciné par sa démarche et la puissance de son oeuvre. Je lui ai même demandé un autographe, chose que je n’ai jamais faite avec un chanteur! C’est un garçon très calme, qui a un vrai don pour travailler la matière. Ses créations sont un mélange de finesse et d’éléments bruts. Il s’en dégage une poésie ni kitsch, ni antique, ni futuriste, mais qui interpelle énormément même si on n’est pas très fan d’art contemporain. C’est assez troublant."
Après ce coup de coeur pour le travail d’Altmejd, Pierre Lapointe a approché l’artiste afin de lui proposer de créer une performance avec la musique et les textes de l’un et les créations de l’autre. "J’avais en tête de monter un projet multimédia avec plein de gens, de créer une oeuvre complètement nouvelle qui nous permettrait de sortir de nos habitudes, explique le chanteur. J’ai pris contact avec d’autres personnes pour participer à ce projet, car je tenais à ce que ce Conte crépusculaire soit un travail collectif, une espèce de rencontre pour concevoir une sorte de constellation de créateurs autour du travail de David."
David Altmejd a tout de suite été séduit et en peu de temps, le projet était lancé. "J’avais une histoire qui me trottait dans la tête depuis longtemps, souligne Pierre Lapointe. Dans un futur extrêmement lointain, le souverain d’un royaume doit, selon la tradition de son pays, se donner la mort à 30 ans en buvant un poison préparé par son fils, successeur au trône, et sa femme, la reine. Le roi revient donc d’une tournée à travers son royaume où, en urinant sur sa jaquette de nuit, il a annoncé sa mort imminente à ses sujets. Il envoie un signal olfactif au peuple. Le spectacle débute au moment où le poison qui le tuera commence à être préparé. Donc, c’est un tableau vivant d’une quarantaine de minutes auquel collaborent deux comédiens, le quatuor (de musique contemporaine) Molinari, le compositeur Yannick Plamondon, l’artiste en art visuel Pascal Grandmaison, le musicien Philippe Brault qui ajoute une petite touche électronique à tout ça, David et moi-même, résume Pierre Lapointe. Ce qui est excitant, c’est que cette performance – car c’est bien plus une perfo qu’un spectacle – ne sera jamais identique d’une représentation à l’autre, car on évoluera tous au fil des représentations, tout comme les oeuvres de David qui se développeront au fur et à mesure pour ensuite être exposées à la Galerie de l’UQAM. C’est une oeuvre en mouvement, on y va tous un peu à l’aveuglette."