Jean Chamberland : Minuit, le soir
Arts visuels

Jean Chamberland : Minuit, le soir

Dans Port d’attache, le photographe Jean Chamberland s’intéresse à l’activité nocturne au port de Trois-Rivières.

Jean Chamberland est un noctambule. Dès la tombée du jour, plutôt que de se laisser tomber dans son lit, il erre dans les rues de Trois-Rivières, armé de son appareil photo.

"J’aime ça me retrouver tout seul", explique-t-il candidement. "Et le soir, tu vois mieux tes sujets. C’est mort. Il n’y a pas d’activités autres."

Ainsi, ce n’est pas par hasard que la vie nocturne au port de Trois-Rivières l’a interpellé – les bateaux accostés ou au large, le va-et-vient des camions de transport. "J’ai un accès direct à ça. Le monde ne voit pas ça parce qu’il n’est pas là. Là, il n’est pas tard", dit-il en pointant un véhicule lourd charriant du sel dans un hangar. "Mais j’ai des photos prises à trois ou quatre heures du matin! Je suis tout le temps là. Je surveille…"

Ce sont ces clichés au caractère industriel que Chamberland présente dans Port d’attache. "Ça fait deux ans que je photographie le port. Désormais, je ne peux plus photographier là, car ils ont interdit l’accès. Je pourrais demander une permission pour y aller le jour, mais je ne peux plus y aller la nuit", soutient celui qui avait développé une complicité avec les gardiens.

Parmi la douzaine de photographies exposées, plusieurs profitent d’une ambiance vaporeuse. Un effet tantôt créé par un épais brouillard, tantôt par une forte pluie. "Ce n’est pas agréable d’être dehors avec un trépied à la pluie battante, dans une tempête de neige ou en plein verglas! Mais les conditions ingrates pour le photographe, ça fait souvent de belles photos." Nul doute qu’il faut être passionné pour se frotter aux pires temps. "Pour moi, c’est presque une raison d’équilibre. Quand je ne fais pas de photos, je ne file pas."

Depuis qu’il s’adonne à la photographie, soit une quinzaine d’années, Jean Chamberland offre une place privilégiée aux sujets trifluviens. Pourquoi? "Si j’avais de l’argent, je ferais le tour du monde. J’essaye donc de trouver quelque chose qui m’inspire proche. L’expérience m’a appris à voir."

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Les paysages industriels, la ferraille, Trois-Rivières