Napoléon Bourassa et Jacques Payette / MNBAQ : Vertiges temporels
Arts visuels

Napoléon Bourassa et Jacques Payette / MNBAQ : Vertiges temporels

Le MNBAQ sera bientôt l’hôte de deux nouvelles expositions rétrospectives. Soit celles consacrées à Napoléon Bourassa et Jacques Payette, qui montrent bien comment l’art a changé en un siècle.

Depuis trois ans déjà, nous avons souvent souligné comment il était crucial pour l’amateur d’art d’aujourd’hui de développer un goût pour des oeuvres qui ne cherchent pas à plaire coûte que coûte. Nous l’avons encouragé à transgresser sa propre sensibilité et ses habitudes pour aller à la rencontre de réalités difficiles, authentiques. Cette définition s’applique encore à cette double présentation, qui invite le visiteur à la contemplation, mais aussi à la compréhension de ce que l’art recèle de vérité en le renseignant sur lui-même.

Quelques merveilles

D’abord avec Napoléon Bourassa, la quête de l’idéal, expo réalisée avec brio dans une présentation sobre qui met entièrement en valeur le talent de cet exceptionnel dessinateur qui a poussé la maîtrise de son art à la perfection. À la suite de dons persistants faits au MNBAQ par la famille Bourrassa au fil du temps, cette exposition très longtemps attendue s’articule autour de thèmes liés de près à la vie et à la création de l’artiste.

Une rétrospective bien ficelée attachée à montrer l’originalité du créateur en partant de ses oeuvres pour structurer l’exposition: oeuvres de jeunesse et intimistes, portraits, scènes de genre, peinture religieuse et d’histoire, fabuleux dessins et projets d’architecture montrent l’accomplissement de Bourrassa jusqu’à l’Apothéose de Christophe Colomb dans la salle adjacente. Revoyez dans ce contexte cette oeuvre inachevée synthétisant tout l’héritage classique des grands maîtres de la Renaissance et du néoclassicisme, mais si proche de notre sensibilité moderne. Les esquisses de certains de ces visages ne vous rappellent-elles pas les merveilleux portraits de Pellan au fusain des années 1940?

Inquiétante joliesse

Il est étonnant de constater à quel point cette dernière exposition contraste avec les oeuvres récentes de Jacques Payette, un corpus qui, jusqu’à hier, était essentiellement collectionné par les sociétés et les grandes entreprises. Capturer le temps, exposition apparue avec surprise à la programmation dans les dernières semaines, nous déroute d’autant plus que la qualité des oeuvres présentées est inférieure à ce que nous voyons habituellement. En effet, outre les oeuvres hyperréalistes du tournant des années 1980, l’imagerie liée aux oeuvres récentes réalisées à l’encaustique est largement issue d’un univers de pacotille bercé d’illusions historiques qui cherchent à nous inspirer la sympathie en jouant sur les codes romantiques d’une nostalgie décorative préfabriquée et des titres d’un kitsch déconcertant. Mais quel est l’intérêt de présenter ces oeuvres empreintes de mignardise dans une salle qui devait normalement être réservée aux grands noms comme Pellan et Daudelin? Vérification faite, une telle mise en valeur inquiète terriblement les spécialistes et artistes du milieu.

Napoléon Bourassa
Napoléon Bourassa. La quête de l’idéal

À voir si vous aimez /
A.-S. Falardeau, Michelangelo, Corno

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