7e Biennale de Montréal : Le 7 chanceux
Claude Gosselin, David Liss, mais aussi Paule Mackrous, Roland Smith et Gilles Daigneault sont les cinq commissaires de l’ensemble des activités de la 7e Biennale de Montréal. Une année heureuse.
"La tentation du hasard": c’est le titre de la Biennale de cette année. Voilà un sujet hasardeux et pas totalement imprévisible… Pourtant ici, le résultat est plutôt heureux.
Fondation Molinari
La Fondation Molinari a, pour l’occasion, ouvert ses locaux installés intelligemment par la firme d’architectes _naturehumaine. Y sont présentés deux corpus d’oeuvres, l’un du début de la carrière de Guido Molinari, l’autre de la toute fin. Ses tableaux réalisés en 1951, les yeux bandés, sont une expérimentation fascinante dont on avait souvent entendu parler mais qu’on avait peu vue. Y est aussi présentée sa série de tableaux utilisant la structure formelle du célèbre poème de Mallarmé Un coup de dés jamais n’abolira le hasard. Ce hasard étant parfois malin, il a voulu que cette série reprenne une idée développée par Marcel Broodthaers en 1969. Présentée chez René Blouin en 2003, cette oeuvre, qui était aussi (involontairement?) une forme de dialogue avec le travail d’Yves Gaucher, prend un sens bien particulier si l’on sait qu’elle fut réalisée par un Molinari se sachant condamné par le hasard de la maladie.
Ancienne École des beaux-arts de Montréal
C’est sur la rue Saint-Urbain que le principal volet de la BNL est développé. Que retenir de cette sélection d’artistes? Dans Foule m’as-tu vu?, le duo Cozic explore avec brio comment bien des matériaux d’emballage prennent étrangement la forme de visages. Sylvie Cotton nous propose une oeuvre sur la perte de contrôle et la transformation du savoir. Et le Français Jean Dupuy (qui fut de la mouvance Fluxus) sera une très belle découverte pour le public québécois. On évitera cependant la littéralité des dés jetés dans le film de Jean-Pierre Bertrand et dans l’installation de Kristiina Lahde.
Nous noterons que certains éléments de la BNL ont été abandonnés au hasard… Des panneaux explicatifs auraient été nécessaires dans l’ensemble de l’événement. Ils auraient permis de rendre plus compréhensibles certaines explorations créatrices, en particulier le travail de Daniel Spoerri. Un catalogue (et non un livre d’artiste, comme cela est prévu) aurait aussi été un outil très utile. Des erreurs dans le plan ne facilitent pas non plus la visite (Sylvie Cotton et Gilles Barbier, entre autres, sont mal indiqués). Les jeux du hasard ayant placé la BNL dans un lieu hautement connoté, un volet historique québécois n’aurait certainement pas été déplacé.
Malgré tous ces éléments infortunés de la donne, voici une Biennale plutôt gagnante.