Captatio oculi : Autre temps, autres yeux
Dans les coulisses du montage de Captatio oculi, Voir a rencontré le commissaire et les quatre artistes.
Produite par le groupe Molior, l’exposition Captatio oculi est présentée à la galerie Séquence jusqu’au 5 juin. Son commissaire, le poète et essayiste Sylvain Campeau, est un habitué du centre d’artistes. On lui doit l’exposition Fauna secreta en 1999, celle de Wyn Geleynse à l’été 2009 ainsi que l’utilisation de la vitrine comme écran de projection vidéo. Dans cette nouvelle proposition, Campeau a réuni Jean-Pierre Aubé, Sofian Audry, Martin Boisseau et Alexandre Castonguay. Au sujet de sa sélection, le commissaire mentionne: "Ce sont des artistes sur lesquels j’ai écrit comme critique d’art. J’avais donc une connaissance de leur profil de création. L’important aussi, c’était qu’il y ait un plaisir esthétique." Au rendez-vous, une panoplie de machines de différents niveaux de complexité: quatre expériences immersives.
Éléments est une installation interactive d’Alexandre Castonguay réalisée en collaboration avec Mathieu Bouchard. Les personnes en présence du dispositif mis en scène participent à l’oeuvre par leur corps et leurs mouvements. "J’utilise des effets et j’invite le spectateur à investir l’oeuvre physiquement", explique l’artiste. Des projections au mur, près du sol, transposent les captures prises à l’instant en des motifs de programmatique que les visiteurs peuvent animer. Une intéressante référence à la photographie, à la camera obscura et à la désuétude technologique. Dans la salle adjacente se trouve Flag de Sofian Audry, qui souhaitait créer une "réalité mixte". Le visiteur peut choisir une affichette et la brandir devant une caméra de surveillance. L’image projetée sur le mur est tout autre que celle anticipée! Un programme sophistiqué lit le code-barres et choisit une séquence de mots dans une banque créée par l’artiste. À chaque nouvelle exposition, la banque est renouvelée par Audry. Il se produit alors une construction narrative spontanée.
L’Espace Michael Snow, qui a été magnifiquement réaménagé, accueille une machine cinétique de Martin Boisseau: "Dans ce travail-là, l’idée était simple. C’était de faire une assise qui sert à faire des captations dans le lieu de diffusion, et qui, avec la mécanique, le projecteur, à certains moments, imite parfaitement le mouvement que faisait la caméra à la prise de vue." Une tour centrale diffuse les images captées sur place quelques jours avant le vernissage. Riche mise en abyme, cette installation aborde, entre autres, les questions de présence, de langage et de lieu de diffusion. Enfin, Jean-Pierre Aubé nous parle de Titan: "Je me suis intéressé à une expérience de l’Agence spatiale européenne qui a été faite en 2005. Le but, c’était d’avoir une image d’une lune en orbite autour de Saturne [Titan]. Ils supposaient que son atmosphère était comme l’atmosphère originelle de la Terre." L’artiste a organisé les données scientifiques recueillies, les traduisant d’un code à un autre, pour nous offrir un plongeon dans le cosmos digne de 2001: l’odyssée de l’espace.
À voir si vous aimez /
Captation; L’imprimé numérique en art contemporain, de Sylvain Campeau, Éd. d’art Le Sabord, collection Essai, 2007