FIMAV / Nels Cline et Norton Wisdom : Si Dali était guitariste

Nous sommes habitués de voir à l’oeuvre le guitariste Nels Cline au sein de la formation Wilco. Depuis son arrivée en 2004, après le départ de Leroy Bach et lors de la sortie de l’album A Ghost Is Born, il est plutôt difficile de ne pas le remarquer (ou plutôt de l’entendre) aux côtés du chanteur Jeff Tweedy. Comment un musicien d’avant-garde de sa trempe s’est-il retrouvé dans une formation rock alternative et folk? Le principal intéressé se pose encore la question et constate avec étonnement que cette association dure toujours.

"Si je n’avais pas eu toute cette liberté au sein de Wilco, ça n’aurait pas pu fonctionner très longtemps, remarque-t-il. Mais, j’ai la chance de pouvoir travailler avec de très bons musiciens et Tweedy est un excellent mélodiste. Ça me facilite la tâche, car les structures des chansons sont très bien définies. J’ai alors toute la liberté voulue pour les habiller avec mon propre univers sonore. Ce que j’aime surtout, c’est que le registre de la formation est très varié. On passe du rock au country, et je peux me permettre d’expérimenter au lapsteel aussi. Bon… disons que je ne respecte pas vraiment la technique d’usage sur cet instrument!" constate-t-il en riant.

L’artiste californien, maintenant new-yorkais d’adoption, gravite dans le giron de la musique actuelle depuis des lustres. Il a fondé son propre trio dans les années 80 avant d’enregistrer, en compagnie de Thurston Moore (membre fondateur de Sonic Youth), un album éclectique et noise intitulé Pillow Wand. Il n’est pas un néophyte en ce qui a trait au jazz non plus, et avec The Nels Cline Singers, il s’adonne à l’improvisation et au free-jazz sans retenue. Ce n’est donc pas étonnant de le remarquer sur scène au FIMAV (Festival international de musique actuelle de Victoriaville). La surprise, peut-être, est de constater qu’il y sera en compagnie d’un peintre, Norton Wisdom, pour une performance "sons et images" intitulée Stained Radiance.

"Ce n’est pas nouveau pour moi, je connais Norton depuis 1981! Mon travail avec Norton est assez unique. Je ne pourrais pas comparer cette performance avec ce qu’a fait Neil Young pour Dead Man, par exemple. Les tableaux de Norton se créent sur écran [rétroéclairé], et je deviens un architecte du son: je m’amuse avec l’harmonie, je sculpte le son et je le décortique tout en improvisant. C’est une forme de dialogue instinctif ou prémonitoire."

Difficile de dire quelle avenue empruntera cette performance. Même si les repères sont bien présents et que les deux artistes connaissent très bien leur travail respectif, le mystère plane toujours. "Je crois qu’un critique avait déjà qualifié le travail de Norton de "stoner gold". J’aime bien ça! Il y a une touche psychédélique dans ce qu’il fait. Mais c’est aussi un monde de fantaisie, c’est très expressionniste. Il y a des effets d’ombrages, tout est en mouvement. En fait, je ne sais pas du tout quelle direction il empruntera. Avec les années, on a réussi à se faire confiance, mais il y a toujours des surprises."

Programmation complète au www.fimav.qc.ca

À écouter si vous aimez /
Daniel Lanois, Marc Ribot, Thurston Moore