Geneviève Gleize : Zone industrielle
Dans 50 Dey Street, la photographe française Geneviève Gleize fait battre à nouveau le coeur d’une manufacture abandonnée du New Jersey, aux États-Unis.
Les valises sont sur le bord de la porte. Dans quelques heures, Geneviève Gleize prendra un vol en direction de sa France natale. Malgré un emploi du temps chargé, la photographe se permet une toute dernière entrevue sur sa touchante exposition 50 Dey Street.
"Ce projet est arrivé un petit peu par hasard. Je suis graphiste et je me suis retrouvée à faire des affiches sur New York pour un de mes clients. J’ai logé chez des gens qui, au fil des années, sont devenus des amis. Et au cours d’une visite dans leur atelier, j’ai découvert ce lieu qui est en voie de réhabilitation pour devenir des lofts." Une ancienne usine poussiéreuse de Jersey City qu’elle photographie de 2006 à 2010.
Au début, l’artiste d’Avignon doute que son travail puisse intéresser. "J’ai fait quelques photos au départ pour moi. La première série a été faite sans penser à un but d’exposition. C’est après, en montrant les photos à des amis et à des membres de ma famille, que je me suis dit que je tenais peut-être quelque chose."
En effet, Geneviève Gleize voit au-delà de la saleté et des carreaux cassés. "Depuis mes études aux beaux-arts, j’ai beaucoup travaillé sur l’empreinte, les traces. Ça a été vraiment une révélation, cet endroit-là. Et j’ai voulu essayer de retrouver la vie. Car il y avait une vie dans ce lieu qui était pourtant désaffecté! C’est du moins ce que j’ai ressenti", souligne-t-elle avant d’ajouter: "J’aime découvrir ce que d’autres ont laissé là, dans l’oubli. J’ai donc extrait des éléments qui peuvent paraître un peu abstraits, mais je trouvais que c’était presque comme des peintures." Une chaise rouge perdue dans l’immensité du site, une vitre brisée qui laisse entrevoir un ciel bleu sont autant d’images qu’elle propose.
Respectueuse de l’espace, la passionnée n’a jamais rien déplacé pour prendre un cliché. "Je ne fais aucune mise en scène. Il faut que le lieu se révèle à moi. Je ne retouche pas non plus mes photos. Je suis la lumière du lieu, les couleurs qui vont me permettre de travailler", conclut celle qui avoue avoir grandi au-dessus de l’atelier de menuiserie de son grand-père. Comme quoi ce n’est pas un hasard, ce coup de foudre pour cette vieille manufacture.
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La lumière, le béton, le passé