José Luis Torres : Lui faire honneur
Le visiteur pénètre dans la salle. Il est invité à manipuler, comme bon lui semble, les nombreuses cloisons de bois qui parsèment la galerie. Rien de plus facile, les cloisons en question sont montées sur roues, ce qui permet à l’observateur de les déplacer sans grand effort, d’abord craintivement, parce qu’il n’a pas l’habitude de toucher ainsi à une oeuvre d’art, et ensuite plus hardiment, peut-être… Sa curiosité le poussera-t-elle à refaire l’architecture complète du lieu? Pas de doute qu’un individu à l’imagination fertile pourrait aisément laisser libre cours à son instinct créateur.
Jusqu’au 4 juin, Art-Image présente Dérives, une exposition de José Luis Torres, artiste d’origine argentine établi au Québec depuis une dizaine d’années. Ainsi, tout s’explique. Les réalités de la "mobilité", du "nomadisme", de la "dérive", Torres les connaît pour les avoir intimement vécues. Comme l’indique le dépliant qui accompagne l’expo, l’installation témoigne d’une référence très personnelle aux multiples besoins de déplacement qui habitent l’artiste.
Déplacement qui, à travers l’oeuvre, se présente de façon ludique et donne le rôle principal au spectateur. Peu importe d’ailleurs si ce dernier joue le jeu ou non. Même s’il ne refait pas lui-même la configuration de l’installation, il peut toujours s’émerveiller devant la complexité intrigante des modules de bois. Les assemblages hétéroclites de bardeaux et de rondins abîmés, uniques en leur genre, permettent d’admirer le recyclage savant de matériaux ordinaires.
Ou encore notre visiteur pourra-t-il revenir une seconde ou une troisième fois se promener à travers le labyrinthe pensé par celui qui l’a à l’instant précédé…
À voir si vous aimez /
Mowry Baden, Massimo Guerrera