Rome / Musée de la civilisation : La bellezza di Roma
Arts visuels

Rome / Musée de la civilisation : La bellezza di Roma

Certaines expositions, pareilles à Rome, qui est présentée au Musée de la civilisation en ce moment, ont l’heur de nous séduire. Il faut bien l’avouer, il est très difficile de résister à un charme si doux.

Quand nous avons appris, il y a peu de temps, que l’exposition Rome serait à l’affiche, nous ressentions une hâte indescriptible mêlée à une angoisse savoureuse. Comment allait-on couvrir plus de deux millénaires d’une histoire si riche et si complexe sans omettre les plus belles réalisations et ne rien oublier de sa grandeur passée? Ce pari relevé par Giovanni Gentili, commissaire invité, en était un de taille.

D’emblée, on retient surtout que le choix des pièces exposées est fabuleux, indiscutable: le soin et l’originalité des morceaux désignés pour enluminer l’ensemble des facettes de cette ville et des cultures qui s’y sont succédé sont un coup de maître. Vraiment, qui peut se targuer aujourd’hui d’apporter dans nos institutions une sélection de marbres romains, de bas-reliefs médiévaux en ivoire, de mosaïques aussi belles, de peintures et dessins de grands maîtres de la Renaissance – tels Michel-Ange et Raphaël -, tout en éclairant avec ceux-ci des aspects de l’histoire d’une cité fondatrice de la civilisation occidentale? L’ordre chronologique, nécessaire ici, aide parfaitement à voir l’évolution des formes et des sociétés qui se sont prévalues de ce site d’exception et que l’on a longtemps donné comme le centre du monde. Immanquable regard sur le passé, magnifiquement illustré par un catalogue construit avec beaucoup de finesse, cette exposition est, à de nombreux égards, une réussite.

Cela dit, puisque chaque médaille a un envers, un détail embêtera un peu l’amateur d’art: l’utilisation qui est faite des oeuvres. Au risque de me répéter, il y a un travers assez grave à utiliser les oeuvres d’art dans un contexte qui ravale les morceaux les plus fantastiques à n’être que des illustrations. Cette manière de faire, qui ressemble parfois à un alignement sur une ligne du temps, cause beaucoup de dommage aux oeuvres, tant dans leur compréhension que dans la lecture que l’on peut en faire. Pensons à L’Ecce Homo de Guido Reni et à la pièce de prédelle de Raphaël (La charité). Le premier semble avoir été collé là, dans ce curieux patchwork de tableaux qui oblige à une lecture "groupée" de pièces très dissemblables, où il devient très difficile d’isoler chaque oeuvre. Dans le cas de Raphaël, c’est plutôt sa position, à angle sous vitrine à hauteur du ventre, qui rend la lecture de l’oeuvre ardue. Y avait-il trop de choses à montrer pour l’espace disponible dans la salle? Sans doute. D’ailleurs, c’est peut-être aussi la raison pour laquelle on fait peu état du 20e siècle et de l’histoire récente…

Mais au fond qu’importe. Quand autant de merveilles sont en un seul lieu rassemblées, comment ne pas succomber? Le propre de la beauté étant souvent de s’imposer là où la raison et les mots ne peuvent suffire. Bravissimo!

À voir si vous aimez /
Napoléon Bourassa, Antitube, Fellini