Daniel Olson : Antidote
Arts visuels

Daniel Olson : Antidote

Daniel Olson a déjà une carrière de plus de 20 ans de création derrière lui. Une oeuvre qui réfléchit beaucoup à la place de l’artiste et de l’art dans notre société. Avec un humour décapant.

L’ironie et la parodie, si à la mode dans notre monde postmoderne, ne nous sauveront certainement pas de la médiocrité de notre époque, mais elles peuvent nous aider à la supporter. C’est certainement la leçon qu’il y a à tirer de Beside Myself / Hors de moi, exposition de l’artiste Daniel Olson présentée par le commissaire André-Louis Paré.

Il y aurait plusieurs autres manières d’aborder cette oeuvre riche et intelligente. Comme le fait d’une manière très détaillée Paré dans le catalogue de l’expo (établi pour sa première présentation au centre Expression de Saint-Hyacinthe en 2008), nous pourrions parler de cette oeuvre multiforme par le biais d’une réflexion sur l’identité ou sur le concept d’expérience… Mais une des pistes de lecture de l’oeuvre d’Olson pourrait aussi être que la seule réponse à l’absurdité du monde est de la mettre en scène. En cela, il rejoint le travail de Marcel Duchamp, de John Cage, de Georges Perec et même du mouvement Fluxus. Quelques exemples.

Afin de répliquer à la demande de nos gouvernements qui depuis plusieurs décennies déjà veulent de la médiation culture, une culture divertissante et facile d’accès, Olson nous montre l’artiste comme amuseur public. Dans un autoportrait de 2001, il s’est littéralement représenté en clown. En dessous de ce visage, le mot "Taiwan" insiste sur cette culture bon marché, de masse et très rentable que notre monde capitaliste voudrait imposer.

Arrivant à Paris, Olson s’aperçoit que cette ville ne manque pas de culture. Elle est partout déclinée, utilisée à des fins commerciales… Il décide alors de prendre des images de la Joconde (en carte postale et en affiche) qu’il efface méthodiquement. Il recueille les détritus des gommes à effacer dans une boîte d’allumettes qu’il intitule Cultural Residue… Il répond ainsi à la notion de "produit culturel" par celle de "déchet culturel".

Dans Visiting Artist, il nous montre l’artiste en résidence comme une sorte d’émigrant ayant comme tout bien ses deux bagages ou comme une sorte de visiteur qu’on aurait malencontreusement invité, qui débarque à l’improviste et dont on a peur qu’il s’incruste un peu trop longtemps "chez nous". Il nous confronte alors à l’idée que nous avons de l’artiste, mais aussi de l’immigrant dans notre société, sorte de parasite qui profite des autres… Et nous pourrions continuer longtemps cette description d’exemples.

Une expo comme antidote à l’insignifiance.

À voir si vous aimez /
Georges Perec