Biennale internationale d'estampe contemporaine de Trois-Rivières : Second regard
Arts visuels

Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières : Second regard

La septième Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières s’offre le monde. Elle accueille 52 artistes issus de 26 (!) pays différents. Une première dans son histoire. Rencontre avec Mireille Pilotto, directrice générale, et Jo Ann Lanneville, présidente et directrice artistique.

Bref retour dans le temps. Un peu avant 1999, la regrettée Louise Desaulniers ainsi que les graveurs Guy Langevin et Jo Ann Lanneville ont une idée de fous. "On rêvait d’un musée du papier à Trois-Rivières", admet Lanneville, souriante. "Finalement, ce n’était pas possible. Alors, on s’est dit: "Pourquoi on n’amènerait pas les meilleurs graveurs, les meilleurs artistes de l’estampe ici, à Trois-Rivières; pourquoi on ne ferait pas un événement international?""

À force de persévérance – le financement des arts étant ce qu’il est -, ses fondateurs célèbrent aujourd’hui le septième anniversaire de la Biennale internationale d’estampe contemporaine, en plus de jouir d’une importante reconnaissance à l’étranger. "Notre événement est connu comme l’une des grandes biennales internationales dans le monde. C’est plutôt surprenant: ça se passe à Trois-Rivières!"

De faire découvrir les tendances actuelles en estampe contemporaine se veut l’une des principales missions du rendez-vous. Dans quelles zones cet art s’aventure-t-il en ce moment? "Il faut penser que "contemporain", ça peut être très différent d’ici dans un pays très, très éloigné, où il n’y a pas les mêmes moyens technologiques pour faire évoluer l’estampe", clame la présidente et directrice artistique. "Nous, ce que l’on veut présenter, c’est le contenu, le message, ce que les artistes ont comme préoccupations – quelles soient sociales, politiques, historiques ou environnementales. C’est ça qui est important pour nous. Quand on parle de tendances, c’est plutôt pour ce qui est de la pensée, et non de la technologie."

POINTS DE RENCONTRE

Les points communs sont nombreux parmi les quelque 300 oeuvres retenues. "Il y a en effet des thématiques qui reviennent: le portrait et l’autoportrait, l’architecture et l’habitat, l’objet, ce qui nous entoure, la réalité quotidienne et comment elle est transformée…" énumère la directrice générale Mireille Pilotto. À titre d’exemple, elle cite cette oeuvre qui semblait mettre en scène une série d’oeufs de poisson, mais qui en fait se révèle être le détail d’une cuve de machine à laver! "C’est pour dire que le regard d’un artiste sur un objet familier peut produire une oeuvre d’art." Jo Ann Lanneville ajoute: "Pour moi, la Biennale, cette année, c’est: penser le monde pour mieux le transformer. Chaque oeuvre de l’exposition peut se raccrocher à ça."

Outre les thèmes abordés, les organisatrices remarquent chez les graveurs un intérêt nouveau pour les grands formats et les installations. "On parlait de tendances… Les artistes travaillent aussi beaucoup plus avec l’espace. Ils ne font pas juste accrocher une oeuvre sur le mur. Ils investissent un espace. Ils tiennent compte de l’environnement et veulent travailler avec les volumes," signale Jo Ann Lanneville.

"D’ailleurs, des installations, on en aurait eu davantage si on avait eu plus d’espace. On a donc dû se limiter", poursuit Mireille Pilotto, qui tient absolument à souligner l’importante collaboration de son adjointe, Catherine Lapointe.

On comprend maintenant pourquoi la Biennale souhaite agrandir son espace de diffusion, actuellement limité au Centre d’exposition Raymond-Lasnier, à la Galerie d’art du Parc, à la Maison Hertel-De La Fresnière et à l’Ancienne Gare ferroviaire. "J’espère qu’on va pouvoir ajouter un autre lieu en 2013. Parce que, oui, il se produit encore beaucoup d’estampes. On peut penser que c’est une discipline moins glamour que la peinture ou la sculpture, mais il y a toujours des artistes qui pratiquent l’estampe et qui produisent des oeuvres novatrices et intéressantes. Je pense que si on est sensible à la couleur ou au dessin, on ne peut pas être indifférent à une exposition d’estampes. En plus, c’est gratuit!" conclut avec enthousiasme Mireille Pilotto.

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La Biennale multiplie le plaisir!

Quand on lui demande ce dont elle est le plus fière pour cette septième édition de la Biennale, Mireille Pilotto répond sans hésiter: ses collaborations avec les différents établissements muséaux et artistiques. En parallèle de l’événement, 10 musées et centres d’exposition de Trois-Rivières et de Nicolet recevront le travail d’artistes graveurs. Aussi, l’expo extérieure Nom de code 7, consacrée à l’art numérique, sera installée à la place de l’Hôtel-de-Ville.