Daniel Veronese : Séparation de corps
Arts visuels

Daniel Veronese : Séparation de corps

L’Argentin Daniel Veronese revisite Maison de poupée. La pièce d’Ibsen est présentée à l’occasion du FTA sous le titre El desarrollo de la civilizacion venidera.

Le metteur en scène argentin Daniel Veronese a l’habitude de revisiter les classiques. Avant Maison de poupée, il s’est attaqué à Hedda Gabler, d’Ibsen également, mais aussi à deux Tchekhov, Les trois soeurs et Oncle Vania. "J’aime jouer avec les structures des oeuvres anciennes qui ont perduré, trouver la part contemporaine qui manque, explique-t-il. Monter et démonter une oeuvre, c’est en quelque sorte entrer dans la tête de l’auteur."

La tête d’Ibsen était plutôt subversive. Sa pièce, qui constitue une critique acerbe des rôles traditionnels de l’homme et de la femme dans le mariage, fut vertement accueillie, et la fin, où le personnage de Nora quitte son mari, fit un tel scandale qu’Ibsen dut en proposer une version plus acceptable pour la société du 19e siècle. Qu’en est-il de cette nouvelle mouture?

Montrer ce que l’on ne sait pas

"Je n’ai ni le désir de mesurer si ma pièce est subversive, ni les outils pour le faire, affirme Veronese. Au théâtre, comme dans tout art, les réactions appartiennent à ceux qui regardent. Quant à la fin, je l’ai modifiée. Aujourd’hui, plus personne n’est troublé par une femme qui revendique ses droits. La société n’accepte plus – du moins c’est ce qu’elle prétend – une discrimination si clairement affichée. J’ai donc plutôt cherché comment se déroulerait la séparation de ce couple aujourd’hui. De plus, à mon sens, la fin originale laissait trop transparaître le discours d’Ibsen; elle me paraissait déconnectée de l’oeuvre, les paroles de Nora n’étaient pas organiques. Je voulais moins de raisonnements: une séparation se fait certes avec des mots, mais aussi par l’entremise du corps et de l’émotion."

On l’aura compris, Veronese ne s’est pas gêné pour apporter des modifications au texte original. "Lorsque je travaille sur le texte, j’enlève ou modifie tout ce qui m’empêche de raconter l’histoire comme je le veux. Quand la nouvelle version ne fait plus ressortir un auteur en particulier, je sens que je fais du théâtre."

Habitué des scènes internationales, le metteur en scène est reconnu pour son talent à diriger les acteurs. "J’essaie de faire en sorte que l’équipe que je forme avec eux atteigne son plein potentiel, relate-t-il. Les personnages peuvent avoir une multitude de facettes, lesquelles racontent des histoires aussi intéressantes que variées. L’idée est de réussir à montrer ce que l’on ne sait pas, pas ce qu’on connaît déjà."

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