Fred Herzog : Retour aux sources
Les images de Fred Herzog saisissent l’essence d’une Vancouver d’antan, comme le prouve la sympathique exposition présentée au Musée des beaux-arts du Canada.
D’origine allemande, Fred Herzog s’est installé à Vancouver en 1953. Cette ville a été une source d’inspiration profonde pour le photographe maintenant âgé de 80 ans: il estime en avoir tiré près de 90 000 diapositives couleur, sans compter les 28 000 négatifs en noir et blanc. Ainsi, les sujets de prédilection de celui qui faisait aussi de la photographie médicale pour gagner sa vie sont tirés du quotidien urbain: panneaux et néons lumineux, brocantes, gens de la classe moyenne…
L’exposition Fred Herzog. Photographie de rue fait voir une trentaine de clichés pris à la fin des années 1950 et durant les années 1960. À une époque où l’utilisation du noir et blanc dominait dans la pratique d’une photographie dite sérieuse, Herzog s’est affirmé comme un marginal en tant que fidèle partisan de la pellicule Kodachrome. C’est d’ailleurs grâce à cette dernière que les riches couleurs de l’époque ont pu être conservées aussi admirablement.
Il ne faut cependant pas croire que les images sont toutes exubérantes pour autant, la plupart étant plutôt caractérisées par une fine subtilité esthétique. En effet, l’exposition montre que l’artiste a étudié avec un très grand soin le sujet dans sa lentille avant d’appuyer sur le déclencheur, s’assurant que les conditions idéales (lumière, couleur, profondeur de champ) étaient remplies afin d’obtenir une composition prise sur le vif réussie. Le spectateur s’étonne entre autres devant la franche spontanéité des personnages dans Le gros lot, ou devant le contraste marquant entre les couleurs voyantes portées par les protagonistes et leur environnement délavé dans Hastings et Seymour. Sur la photo À l’angle des rues Hastings et Columbia, capturée à l’aide d’une caméra 35 mm à soufflet, l’observateur remarque, mis à part le bourdonnement des passants et les innombrables enseignes au néon, la très longue perspective et le cadre serré.
Herzog, en parlant des sujets qu’il a immortalisés, disait que le véritable contenu d’une oeuvre photographique "ne peut pas être manufacturé", mais qu’il se trouvait plutôt tel quel, "au naturel". Le constat est à méditer, puisqu’il s’inscrit toujours dans le contexte actuel.
À voir si vous aimez /
Erik Niemen, à la Galerie Karsh-Masson, Gabor Szilasi