Jardins réinventés de la Saint-François : Des jardins d'aujourd'hui
Arts visuels

Jardins réinventés de la Saint-François : Des jardins d’aujourd’hui

Les Jardins réinventés de la Saint-François labourent notre relation à la nature et à la terre. Débroussaillage avec l’artiste Catherine Longpré.

Vues de loin, depuis l’entrée du chemin de gravier menant à la Maison des arts et de la culture de Bromptonville, la structure et ses immenses bandes blanches dans lesquelles s’engouffre le vent de la grève laissent croire à un open house qui aurait mal viré. Qui aurait culminé dans un concours de lancers de rouleaux de papier hygiénique.

Chaque pas franchi dément notre risible scénario jusqu’à ce que se précise clairement la majesté de la plus imposante installation des Jardins réinventés de la Saint-François: Brouillard, de Catherine Longpré. De grandes poutres de bois auxquelles sont suspendus, comme des stalactites éthérées, de longs morceaux d’étoffe blanche, qu’on nous invite à traverser de bout en bout, presque aveuglé. "Un lave-auto à humains", pour reprendre le chouette mot d’enfant d’un jeune visiteur que nous répétera ce jour-là une guide.

"Je comprends mieux le monde extérieur avec mon corps, avec mes mains, avec les sens", confie l’artiste sherbrookoise qui revient sur la genèse de sa première installation in situ en carrière. "J’aime mettre en valeur ce qui est imperceptible. Le vent, qui est invisible, est devenu ici l’acteur principal. L’état intérieur et la sensation du visiteur, l’expérience qu’il vit seulement dans la durée du passage sont aussi imperceptibles."

Derrière son apparente légèreté et son aspect ludique, l’oeuvre renvoie subtilement à la mort en rappelant le linceul sacré du rituel funéraire. "Le brouillard est un espace blanc, translucide, qui peut être paniquant ou simplement beau et apaisant, ajoute Longpré. J’évoque aussi mon état d’anxiété face à l’avenir, état qui peut être dissipé lorsque je laisse la peur de côté et que j’accepte d’avancer sans savoir ce qui vient."

Des huit installations créées au bord de la rivière Saint-François, notons aussi Vous êtes ici, de la Sherbrookoise Isabelle Gilbert, une science-fiction archéologique inspirée des pétroglyphes trouvés sur le site, Tricoter sa cabane, du duo mère-fille Angora, un portail de jardin cousu de bouts de sacs poubelles, en mémoire du dépotoir qu’a déjà été le parc de la Rive, et La traversée, troublants nageurs en plâtre de Myriam Van Neste.

Jusqu’au 28 août
Autour de la Maison des arts et de la culture de Bromptonville
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LES AILES D’UN PHOTOGRAPHE

À bord d’un petit avion, André Roy croque en plongée champs, terrains de golf, routes, pylônes électriques, etc. Le travail de composition paysagère du photographe sherbrookois – insistons sur le mot composition – coupe le souffle et chatouille la part de mystère qui procède de la propension du regardeur à "picturaliser". "Objet d’art comme de science, le paysage fonctionne à la fois comme un miroir et une lentille: à travers lui nous voyons l’espace que nous occupons, et nous-mêmes tandis que nous occupons l’espace", écrit Jeffrey Kastner, que cite avec à-propos la commissaire de l’exposition Perspectives icariennes et autres effleurements de surfaces, Gentiane Bélanger.