Gérard Castonguay : Nobles coloris
Voyage guidé dans L’imaginaire coloré de Gérard Castonguay.
Petit retour en arrière. Le début de parcours de Gérard Castonguay ressemble à celui de bien d’autres artistes de sa génération. Avant d’entrer à l’Académie des arts du Canada dans les années 50 – "C’était l’équivalent des Beaux-Arts", précise-t-il -, le peintre fut diplômé d’une école du meuble. "Mon père avait une certaine habileté pour le bois. Il m’a donc inscrit à l’École du meuble de la métropole. Dans ce temps-là, les parents étaient plus sévères; ils imposaient leurs ambitions à leurs enfants. Il y a plusieurs artistes connus qui sont d’ailleurs passés par là. Quand j’ai commencé, ça faisait quelques années que Borduas en était sorti."
Sa vie d’artiste, Castonguay l’a ensuite vécue en parallèle avec une carrière en graphisme (choix professionnel guidé par cette louable volonté de mettre du pain sur la table) tout en ayant une fascination pour les métiers nobles de ceux qui travaillent la terre. "Jeune, j’habitais dans le nord de Montréal. À l’époque, on y trouvait des terres de cultivateurs. Lors des vacances d’été, on travaillait où, vous pensez? À la maison, on avait également un immense jardin. Tout ça fait partie de moi."
L’imaginaire du peintre ("à temps plein" depuis plus de 20 ans) s’inspire donc de la campagne, et de ses couleurs chaudes. "Je n’aime pas les couleurs plates, celles qui sortent du tube." C’est une orchestration de coloris qui caractérise principalement le travail de l’artiste, peu importe la technique. "Au départ, c’était figuratif. J’ai entre autres fait une série de tableaux tout le long du Saint-Laurent, sur les moulins à eau. Avec le temps, c’est devenu semi-figuratif, un mélange de surréalisme. Et aujourd’hui, il m’arrive de faire des abstraits. C’est ça la création. Il faut toujours aller un peu plus loin."
On continue tout de même d’associer Castonguay à ses immenses personnages, ainsi qu’à ses maisons élancées. "C’était pour démontrer une certaine force, une esthétique. Dans le domaine de la mode, les modèles dessinés sont toujours très élancés. J’ai appliqué ça aux maisons."
"Finalement, dans mes toiles, c’est de la mise en scène que je fais." Et la rétrospective L’imaginaire coloré de Castonguay constitue un généreux assemblage d’anonymes présences et de lieux d’évasion.
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Jean Paul Lemieux, les couleurs chaudes