Jessy Bilodeau : Papiers de verre
Arts visuels

Jessy Bilodeau : Papiers de verre

Jessy Bilodeau occupe une tribune vitrée sur la Plate-forme du Lobe, avec une installation qui teinte le lieu d’une fragilité à dimension contemplative, abstraite et minimaliste.

Cette année, Jessy Bilodeau a réalisé, dans le cadre du Projet d’intégration d’art actuel au centre-ville, une oeuvre sur la façade de l’Hôtel Chicoutimi. En 2010, il a remporté la première place lors de sa participation au Symposium de la relève du Centre national d’exposition. On peut dire que l’artiste est animé par des projets comprenant des contraintes de temps et d’espace. À la suite de sa récente expérience au Lobe, il affirme que "le concept de résidence se rapproche d’une recherche d’atelier". Tel un enfant curieux, il exploite l’atelier comme laboratoire quasi ludique, véritable terrain d’exploration de la matière, toujours à la recherche de nouvelles techniques qu’il pourra greffer à sa production picturale. Étudiant à la maîtrise en création, il a abordé sa courte résidence de 10 jours comme un temps d’arrêt qui lui a permis de relever un défi se réalisant dans l’exploitation d’autre chose que des techniques acquises.

Diffusion est une oeuvre-verrière recouvrant la totalité de l’Espace Plate-forme. Elle est composée d’une série de cinq larges bandes verticales de papier en fibres de mûrier, liées par des pièces de bois de frêne courbées à la vapeur. Ce procédé vintage d’assouplissement du bois, inspiré de la courbure des chaises de Michael Thonet, était une technique inconnue pour l’artiste. L’oeuvre affiche également un "motif qui rappelle la géométrie du vitrail", créant un parallèle avec son idée initiale, confie l’artiste qui se dit obsédé par ce motif qu’il trouvait visuellement intéressant. Enfin, une certaine fragilité émane de ces longs papiers filtrant la lumière naturelle, devenue partie intégrante de l’oeuvre; le titre prend alors tout son sens.

Loin de l’objet que l’on dépose, l’oeuvre est en harmonie totale avec le lieu. Dès que l’on gravit les escaliers du hall de TouTTout, on a l’impression que l’oeuvre a toujours été là. Par le fait même, on n’a plus envie qu’elle disparaisse. Heureusement, elle ne laissera pas que le souvenir d’une construction éphémère, mais constituera le début – ou la suite -d’une recherche artistique parsemée de "procédés exploratoires" que l’artiste est silencieusement venu tester. Il rapportera dans son atelier les résultats de ses expérimentations pour inventer un autre chapitre. Dans cet autre chapitre, on risquera, entre autres, de retrouver des peintures sur papier dans une série de grands formats. Mais avant de nous dévoiler la suite, Jessy Bilodeau aspire à une "production plus garnie".

À voir si vous aimez /
Michael Thonet, l’expérimentation avec des matériaux traditionnels

ooo

Vincent Hinse / Trachéo et autres déboulonnages

Vincent Hinse, ébéniste de formation, apparaît habituellement avec le collectif Acapulco, connu pour ses projets à saveur monumentale et ses grandioses installations extérieures. Cette fois, l’artiste se la joue en solo. Il a profité de sa résidence d’été au Lobe pour mener des recherches plus personnelles. Nouveau défi, il propose une intervention minimaliste dans le lieu d’exposition, travaillant l’installation comme un jeu de construction et de déconstruction des archétypes identitaires de notre société. Potin Plateau: ses 12 semaines au Lobe lui ont tellement plu que l’artiste de Québec est venu s’installer à Chicoutimi… Une vraie longue résidence! Son projet, lui, sera au Lobe jusqu’au 30 septembre.