Shari Hatt : Artlequinade
Shari Hatt se moque du milieu de l’art. À une époque où l’artiste se prend souvent trop au sérieux, voilà qui ne manque pas d’amuser. À moins que cela ne soit une manière de rire du critique? Ce serait moins drôle…
Crachons un peu dans la soupe… Le milieu de l’art est parfois un cirque. Un spectacle un peu grotesque avec ses scènes clownesques et ses guignols. Le milieu de l’art est souvent une pantalonnade où, comme personnages comiques, il y a l’artiste qui se sait génial, le collectionneur qui se pense éclairé (et pas seulement riche) et qui est sûr de toujours faire une affaire, le galeriste qui se croit essentiel, qui flatte l’ego de l’acheteur et subit les caprices de ses artistes, le commissaire qui se prend pour un intellectuel ou pour un artiste… Certes, à choisir entre le cirque de l’art et celui de la politique, des médias ou des affaires (oui, oui, ils existent eux aussi), nous préférons certainement le premier, qui est capable (à l’occasion) d’un peu d’autocritique.
Une preuve de cette autocritique réside dans The Studio Visit de Shari Hatt, artiste originaire de la Nouvelle-Écosse. Elle y donne à voir une scène qui, en soi, est d’un burlesque total: la visite d’atelier. Celle-ci peut être faite par un critique, un commissaire d’expo, un conservateur de musée, un professeur d’art… Quel que soit l’acteur central (à vous de choisir), la rencontre avec l’artiste sera toujours aussi truculente.
Dans cette vidéo, le critique-commissaire-conservateur-professeur, habillé comme un clown, est incompréhensible. Il semble travailler littéralement au pif puisqu’il respire les oeuvres et l’air de l’atelier, et se fie à l’érection qu’il a dans ses culottes… Que l’art peut être excitant! L’artiste, elle aussi vêtue en clown, est tout aussi incompréhensible et ridicule. Elle semble cependant souffrir davantage dans l’affaire, puisqu’en fin de compte, elle pleure dans son atelier après le passage de l’"expert"… Ce petit sketch incarné par Stephen Lawson et Aaron Pollard du collectif 2boys.tv n’est évidemment pas sans faire penser au travail de Paul McCarthy ou à certaines photos de Cindy Sherman. Néanmoins, une oeuvre efficace et décapante. Elle est accompagnée de quatre aquarelles où vous pourrez lire des blagues à l’humour déroutant et où le punch est souvent raté. Une mise en déroute, absolument nécessaire, de l’"efficacité" de l’art.
À voir si vous aimez /
Paul McCarthy et Cindy Sherman