ATSA / CHANGE : Change de monde
Arts visuels

ATSA / CHANGE : Change de monde

Pour son deuxième passage à Québec, l’Action terroriste socialement acceptable (ATSA) ouvre boutique à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval avec CHANGE, exposition phare de la rentrée en arts visuels.

Le titre de l’exposition frappe: CHANGE. "On utilise l’impératif. On parle à l’autre, on lui dit: "Change!"" explique Pierre Allard, cofondateur de l’ATSA. Le jeu de mots est simple: il évoque le changement, mais aussi l’argent, puisque le duo se penche sur l’univers de la mise en marché. "On fait une infiltration dans le marché de l’art", souligne sa collègue Annie Roy. Pour l’occasion, la Galerie des arts visuels devient hybride entre galerie et magasin de vêtements. "Malgré l’ironie, notre démarche est sérieuse. On vend des produits dérivés pour vrai! On veut se faire acheter!" précise-t-elle.

Au coeur de cette vente, plusieurs thématiques: pauvreté, surconsommation, marketing, environnement. Tout pour stimuler le dialogue entre visiteurs, estime Pierre Allard: "En achetant les produits dérivés, les gens sanctifient notre message, ils en deviennent porteurs. Ça permet de prolonger l’impact de l’événement, qui est par nature éphémère." "Si une personne achète un porte-clés, par exemple, et qu’on lui demande plus tard quelle est sa signification, elle devra raconter l’événement. Ainsi, le sujet revit, la conversation continue", ajoute Annie Roy.

Si la vente est importante, il ne faut toutefois pas négliger l’importance de ce premier passage, pour l’ATSA, de la rue à la galerie. En effet, depuis une quinzaine d’années, les artistes oeuvrent principalement dans le domaine de l’action, de l’art engagé. "On est souvent pris dans le balancier entre nos rôles d’artistes et d’activistes, observe M. Allard, mais en galerie, on met l’accent sur l’aspect artistique de notre travail." Il faut dire que la couverture médiatique de l’ATSA est principalement orientée sur son activisme. "Comme nos sujets sont très forts, ils prennent le dessus. Mais, au même titre que certains artistes dont la démarche porte sur des réflexions de nature privée, notre matériau de base, ce sont les enjeux politiques."

L’exposition est aussi l’occasion, pour le duo montréalais, de poser un regard rétrospectif sur son travail. "On avait beaucoup d’artéfacts, de photos. CHANGE nous permet de faire le tour du chapeau, d’avoir un regard plus global sur notre production", remarque Annie Roy. L’exposition prend la forme d’une installation où plusieurs stations présentent les actions de l’ATSA par l’entremise d’oeuvres créées pour l’occasion à partir de photographies et d’artéfacts chargés de souvenirs. Pour ceux qui les découvriront à la galerie, pas d’inquiétude: des cartels expliquant chacune des actions permettent aux profanes de se familiariser avec l’univers du collectif.

Pour compléter la rétrospective, une projection du film L’art en action, documentaire sur l’ATSA réalisé par Magnus Isacsson et Simon Bujold, aura lieu à la galerie, le 22 septembre à 16h.

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Georgia Volpe, Devora Neumark, Folie/Culture