Mois de la photo 2011 : L’image ouverte?
Commissarié par Anne-Marie Ninacs, le Mois de la photo 2011, ce sont 25 artistes dans une dizaine de lieux. Notre critique nous présente quelques expos à voir.
C’est sous le thème "Lucidité. Vues de l’intérieur" qu’a été développée cette 12e édition du Mois de la photo. Anne-Marie Ninacs nous y présente des artistes qui "tournent en quelque sorte la caméra vers eux-mêmes et conçoivent la pratique de la photographie comme un processus d’introspection, un mode de conscience ou un révélateur de l’inconscient". Commençons cette visite avec quelques événements en dehors de L’Arsenal, lieu sur lequel nous reviendrons la semaine prochaine.
Cao Fei
Deux des meilleures expos que nous ayons vues jusqu’à maintenant sont au Centre Clark. Cette galerie affiche une des grandes découvertes de ce MP2011. Postmoderne, le travail de l’artiste chinoise Cao Fei amène l’art engagé à une échelle micropolitique. Fei a réalisé le vidéo Whose Utopia lors d’une résidence de "collaboration artistique de six mois" avec les employés d’une usine d’ampoules. Le vidéo qui en résulte débute par la simple monstration de la fabrication mécanique des éléments de ces ampoules (dans l’esprit de l’émission télé Comment c’est fait), puis nous voyons de jeunes ouvriers qui les assemblent. Dans un deuxième volet, ces employés se mettent à danser, puis dans un troisième acte, intitulé Mon avenir n’est pas un rêve, ayant fait une pause, ils posent à leur poste de travail pour un portrait vidéo. Une oeuvre qui met un grain de sable dans la mécanique de production en permettant à ces jeunes gens d’affirmer, ne serait-ce qu’un moment, leur identité. Jusqu’au 8 octobre, au Centre Clark.
Massimo Guerrera
Toujours au Centre Clark, il faudra aussi voir les images des "plateformes de collaboration" et autres performances participatives de Massimo Guerrera. Un témoignage important du travail de cet artiste incontournable depuis 20 ans. Mais il s’agit aussi d’une installation photo très réussie. Non pas grâce à un système d’accrochage en mosaïque, mais surtout grâce à l’ajout de tablettes de présentation sur lesquelles reposent certaines images. Une idée simple, qui ajoute très efficacement une volumétrie à l’ensemble. Jusqu’au 8 octobre.
Raymonde April
Malheureusement, malgré la qualité des images de Raymonde April, l’installation de ses oeuvres à Optica n’est pas assez originale. Il aurait fallu faire plus que simplement montrer ces images en mosaïque, procédé maintes fois utilisé. Le travail d’April aurait mérité un accrochage qui aurait plus clairement dénoté une lecture de son oeuvre. Néanmoins, c’est April et en plus il y a des inédits. Jusqu’au 15 octobre, au centre Optica.
Luis Jacob
Plus étrange est l’assemblage des images de l’artiste Luis Jacob. Certes, il opère d’une manière que nous connaissons déjà, par couplage d’images. C’est sa signature. Dans Album X, il nous fait réfléchir sur la notion de cadre, de hors-cadre, de contexte… Certes, les liens formels entre images ne nécessitent pas toujours d’explications, mais pour certaines images, des légendes ou un texte explicatif plus précis n’auraient pas nui à la compréhension de cette oeuvre qui, malgré ce qu’elle laisse croire, ne fait pas seulement appel à la perte de contexte de l’image, mais aussi et surtout à la reconnaissance et à l’interprétation du contenu des images.
À voir si vous aimez /
La photographie contemporaine
Un tour rapide, à cette galerie (Centre Clark), m’a permis de découvrir plusieurs photos d’artistes qui se photographiaient eux-mêmes. Éparpillées sur les murs d’une petite salle, ces photos différaient les unes des autres, mais aucune ne venait avec un court texte de l’artiste pour nous expliquer ce qu’il désirait faire avec cette photo. Cette exposition se terminera sous peu et était présentée à l’occasion du Mois de la photo 2011.