Jean-Pierre Gaudreau : Prêts pour le déménagement?
Après avoir livré une oeuvre au musée Boréalis dans le cadre d’un projet du "un pour cent", Jean-Pierre Gaudreau souhaitait se libérer des contraintes. Or, il n’a cessé de s’en créer de nouvelles en imaginant En attente de déplacement.
Jean-Pierre Gaudreau le signale d’entrée de jeu. En attente de déplacement le gonfle de fierté. Après de nombreuses productions de voyages et une série de contrats s’inscrivant dans la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement des bâtiments et des sites gouvernementaux et publics, il constate qu’il n’a pas perdu la main pour créer des oeuvres en trois dimensions.
"En attente de déplacement, c’est une vraie production d’atelier! À la maison, j’avais mon espace pour travailler, mes outils. Je pouvais plus m’éclater et faire des grands formats. Mes productions de voyages, c’est une autre dynamique. Là, tu as des contraintes: tu es dans une chambre, où parfois tu n’as même pas de table. C’est pourquoi je me limite à des formats, à des matériaux aussi – souvent, le pastel. Ça faisait longtemps que je n’avais pas touché au 3D. Ça fait du bien!"
Le bois, l’aluminium, le carton et le papier d’emballage sont quelques-uns des matériaux que l’artiste récemment déménagé à Ottawa a utilisés pour ce projet axé sur les départs et la perte de repères. Une façon détournée de faire le grand ménage de son atelier? "Non, c’était une contrainte technique que je m’étais donnée. Il faut commencer quelque part. L’angoisse de la page blanche, il faut régler ça. Donc, je me suis dit que j’allais y aller avec des matériaux moins costauds, question de budget et de manipulation." Car Gaudreau aime bien que ses créations se trimbalent facilement. "L’expo, je l’ai pensée dans l’optique de la faire circuler. Ce sont toutes des oeuvres démontables. Ça remplit un char comme il faut, mais ça rentre. J’aime ça, le côté design, pratique des choses."
Produite au cours de l’été dernier, En attente de déplacement a été inspirée en partie par les inondations en Montérégie. Par le mouvement des gens, en fait, et par ceux des animaux, dont ces fameux poissons retrouvés dans les champs une fois les eaux retirées des terres. "La nature a toujours été présente dans mon travail. Par rapport aux déplacements, je trouvais ça intéressant d’avoir la version animale. Eux ne parlent pas, ils ne font pas partie des médias…" explique celui qui a imaginé des poissons coincés dans des arbres, des orignaux dans des boîtes, prêts à plier bagage.
"Je suis content, car je pense que c’est une oeuvre ouverte. Il y a plusieurs possibilités d’interprétations. Les gens entrent dans l’expo et s’amusent", conclut Gaudreau, qui croit avoir insufflé une dose de poésie à En attente de déplacement.
Et si le visiteur ne la perçoit pas, il pourra se rabattre sur le texte poétique d’André Barette qui accompagne l’exposition.
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L’environnement, la poésie, la sculpture ludique