Michael Snow : Reality Snow
Arts visuels

Michael Snow : Reality Snow

L’icône Michael Snow fait un grand retour à Chicoutimi, entre les murs de la galerie Séquence, après presque 15 ans d’absence.

Il faut croire que l’acte constant de création, c’est la santé. Toujours debout, Michael Snow, artiste torontois de 82 ans, a plus de 60 ans de production à son actif. Au cours de sa carrière abondamment récompensée, il a su transgresser tous les médias, principalement la musique, le cinéma, la sculpture, la peinture et la photo. Si Snow est considéré comme un pionnier du cinéma expérimental, c’est surtout grâce à son film Wavelenght, réalisé en 67, qui l’a hissé au rang des artistes internationaux. D’ailleurs, il nous propose une version revisitée de cette séquence sous le titre cocasse de WVLNT (Wavelenght pour ceux qui n’ont pas le temps). Selon l’artiste, le film serait raccourci dans le but de nous faire gagner 30 minutes de notre temps. Du temps pour visiter sa sympathique exposition, sans doute.

Il y a quelques années, Séquence a inauguré l’Espace Michael-Snow en ses murs, en l’honneur de l’artiste qui a passé une partie de son enfance au Saguenay, dans les années 30. C’est donc dans la salle portant fièrement son nom que Snow fait un clin d’oeil à ses racines en nous livrant sa vision du lac Clair à Falardeau, par la présence du dispositif Autour de l’île (2011), un film panoramique divisé sur quatre écrans.

À l’exception de la trame sonore The Last LP CD, l’exposition comporte une sélection de sept oeuvres de Michael Snow convoquant principalement l’installation vidéo. L’artiste nous fait entrer dans son univers filmique hypnotique, où la nature picturale de la projection défie la participation et le regard du spectateur. Le cadre et le temps, c’est-à-dire la durée, deviennent des sujets, presque la matière enchaînant le concept central de toute l’exposition.

On peut ressentir que chaque pièce a un caractère unique porté par un éclectisme issu d’une créativité nomade. De la maturité qui ressort du travail de Snow émane toujours l’étincelle d’une belle folie conceptuelle qui échappe à toute intention d’uniformité.

À l’étage principal, on trouve entre autres Souffle solaire, une oeuvre séquentielle qui se rapproche de l’expérience cinématographique. Présentée comme un spectacle fantomatique, celui d’un vent aux mouvements qui viennent plaquer un rideau sur une fenêtre ouverte, elle laisse par moments entrevoir une partie du paysage extérieur. Le mouvement répétitif du rideau accentue l’effet comique dans son léger suspense de l’intime, comme un cinéma-réalité de la vie domestique.

C’est dans ce même esprit que l’exposition se poursuit dans la rue, en proposant une oeuvre sur écran dans la vitrine de Séquence. Cette fois, le cadre devient un déclencheur du récit filmique et ouvre notre perception dans la plus poétique performance de la vie quotidienne. Il s’agit d’un film représentant une fenêtre derrière laquelle la neige tombe et qui, dans toute sa simplicité, rattrapera décembre et deviendra fondu enchaîné avec le paysage réel, soit le cycle de Snow encore… et encore.

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