Richard-Max Tremblay : Énigmes picturales
Pour son 10e anniversaire, la Maison des arts et de la culture de Brompton reçoit son "enfant prodigue", Richard-Max Tremblay.
Même si deux expositions majeures étaient déjà à son agenda, Richard-Max Tremblay n’a pas pu refuser l’invitation de la Maison des arts et de la culture de Brompton qui souligne ses 10 ans. Pour l’artiste, exposer tout près des rives de la rivière Saint-François, c’est un peu comme renouer avec ses racines. "J’y suis né, confirme-t-il. C’est le lieu de mon enfance, de mon adolescence. J’en garde beaucoup de souvenirs magnifiques. C’est toujours un plaisir d’y revenir."
Ce retour méritait le tapis rouge. Comme peintre et photographe, il a accouché d’une oeuvre riche, cohérente, pertinente. En ce sens, la sortie récente de la monographie Richard-Max Tremblay. Portrait confirme la place importante qu’il occupe au sein du milieu des arts visuels. À l’instar du livre, l’expo à Brompton trace un survol de sa carrière.
Au coeur de la démarche artistique de Richard-Max Tremblay, on trouve un dialogue entre deux médias, la photographie et la peinture. "Quand j’ai commencé à faire de la photo, j’ai tout de suite compris que ce serait un outil pour la peinture, en plus d’être un travail en soi. Tout ce que j’ai fait en peinture est lié à la photo, et inversement, beaucoup de choses que j’ai faites en photo sont liées à la peinture. L’osmose était inévitable." Et le filon s’est révélé intarissable, même après l’arrivée du numérique. "Je travaille sur une nouvelle série de tableaux. Les enjeux bougent avec le temps, mais ça suit ce que j’ai toujours fait."
La signature de l’artiste réside en ces parallèles photographiques et picturaux, mais aussi en des énigmes qu’il prend plaisir à élaborer. "J’ai beaucoup étudié les grands maîtres de la Renaissance. À mon avis, ça demeure le summum en peinture. On n’arrive jamais au bout de la compréhension de ces oeuvres; elles sont très complexes. Pour moi, un tableau se doit d’être aussi riche qu’un roman. Ça prend des choses à dire et des pistes plus ou moins secrètes qu’on découvre avec le temps." Pas étonnant que la littérature constitue l’une des principales sources d’inspiration de l’artiste. "J’aime beaucoup les romans philosophiques. Le premier auteur qui a eu une influence sur mon travail en peinture et en photo, ce fut Kundera. L’insoutenable légèreté de l’être m’a amené à créer des séries d’oeuvres directement liées au roman."
VIENS VOIR LES ARTISTES
Au fil de sa carrière en tant que photographe, Richard-Max Tremblay fut un témoin privilégié de la "faune" artistique. De nombreux confrères et consoeurs ont posé pour lui, et tout ce corpus de portraits constitue un précieux album de famille. "Ce sont des amis, des gens de mon milieu, relativise Tremblay. Ce n’est pas quelque chose que j’ai fait commercialement, sauf pour une série précise, une demande du Musée du Québec pour les portraits des récipiendaires des prix Borduas."
Ces expérimentations amicales furent porteuses d’une évolution qui s’observe en galerie (et dans le livre). "Pour mes premiers portraits, j’invitais les gens dans mon studio où j’avais tout préparé; j’évitais les situations improvisées. C’était pour me sécuriser. Tranquillement, j’ai dévié de ça pour photographier les artistes dans leur atelier, dans des situations autres; j’essaie d’introduire le travail de l’artiste dans le portrait."
Vaut toujours mieux sortir de chez soi pour faire de belles rencontres.
Richard-Max Tremblay. Portrait
d’André Lamarre
Éd. du Passage, 2011, 192 p.
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Les parallèles entre photographie et peinture, les portraits