LINO : Intimement LINO
Reconnaissable entre toutes, la griffe de LINO est à l’honneur entre les murs du Centre de design de l’UQAM.
"Une illustration éditoriale doit-elle être approchée comme une oeuvre artistique? Et une affiche publicitaire? Peut-on vraiment conjuguer commande et intégrité?" Voici les questions qu’avait en tête Marc H. Choko, commissaire de l’Expo LINO.
La production de LINO se situe un peu entre deux chaises. Entre trois ou quatre, même. Chez lui, l’oeuvre artistique, l’illustration éditoriale et la pratique commerciale sont entremêlées et communicantes. On y apprend d’ailleurs qu’il explore l’animation et la scénographie depuis peu. Au premier regard, devant l’alignement des toiles, affiches, publicités, dessins, bricolages et pages de romans graphiques, ce qui saute aux yeux est cette étonnante unité des pièces. Unité graphique d’abord, mais aussi une sorte de constance naturelle et fluide, doublée d’une profondeur brutale et sensible, qui fait appel à l’intelligence des émotions. Il y a incontestablement du Ensor et du Munch chez lui, dans son geste et dans son absence de concessions.
LINO est une sorte d’OVNI dans le paysage graphique canadien, une sorte de singularité, que le grand public a appris à reconnaître davantage depuis ses collaborations avec Wajdi Mouawad (vous vous rappelez l’affiche d’Incendies? la pièce de théâtre, pas le film), l’Opéra de Montréal et l’agence Sid Lee.
À l’entrée, une murale géante domine l’espace, sur laquelle est écrit un texte, blanc sur noir, de cette écriture tortueuse qui ne ressemble à aucune autre. Il faudrait d’ailleurs approfondir le rapport de LINO à l’écriture, qui jalonne l’ensemble de son parcours. Les mots, chez lui, sont partie prenante de la construction des oeuvres, au même titre que les étranges personnages qui les peuplent.
Au centre, on a reconstruit son atelier. On y entre par un espace ouvert entre deux murs. Y sont étalés ses pinceaux, ses crayons, ses papiers, les objets qu’il affectionne. Des dessins, sur les murs. Un fauteuil, un crâne, un squelette, une vieille machine à écrire, des fleurs. Le charme opère, on a l’impression d’entrer chez lui à son insu.
On sort de cette exposition en réalisant à quel point la présence de LINO sur les murs de la ville est forte, et qu’on lui doit franchement un bout de notre identité visuelle.
Il faut également savoir que l’Expo LINO s’étend – pour quelques jours encore – jusqu’entre les murs de la Grande Bibliothèque et que vient tout juste d’être publiée une monographie collaborative sur l’artiste, soulignant ses 15 ans de carrière.