Se reconnaître : Chapeau de fourrure et bottes de cuir
Arts visuels

Se reconnaître : Chapeau de fourrure et bottes de cuir

L’équipe d’Espace Virtuel a de quoi être fière de présenter l’exposition Se reconnaître, regroupant l’univers de cinq artistes canadiens qui bouleversent habilement le thème de l’identité.

Les cinq créateurs canadiens unis dans l’exposition Se reconnaître revisitent la notion d’identité et l’entraînent vers de nouvelles perspectives, à la fois personnelles, culturelles et territoriales. Multipliant les points de vue, ils présentent chacun une production artistique dans un esprit côtoyant parfois tradition, réflexion ou dérision.

Les puissantes images qui composent l’exposition ne peuvent laisser de glace. Par exemple, l’artiste Diana Thorneycroft déstabilise en utilisant les tableaux du Groupe des Sept comme trame de fond pour construire ses petites mises en scène photographiques. À la fois candides et grinçantes, ses photos jouent avec l’identité nationale, construisent un monde à partir d’images stéréotypées ancrées dans le présent et le passé canadiens. Dans un décor de petites figurines miniatures où se côtoient désastres et accidents, on peut voir un univers où s’entrechoquent dérision et culture populaire. À preuve ce sanglant Wayne Gretzky attaché à un arbre, prêt à être dévoré par des lions. Parallèlement, l’artiste François Georget récupère une autre vision du thème de l’identité et propose une réflexion poétique sur la condition humaine avec sa géante peinture Le chasseur dans la neige.

Ceux qui ont déjà bu une Sloche en lisant un magazine Urbania connaissent probablement déjà le travail irréprochable du publicitaire montréalais Simon Beaudry, directeur artistique de l’agence BOS. Fidèle à son métier de communicateur, l’artiste a repensé le graphisme du drapeau québécois en le transformant jusqu’à sa dernière phase de simplification. Beaudry utilise également des juxtapositions de symboles associés à l’identité québécoise, telle une réactualisation des images de notre folklore pour le redéfinir, le réinventer et assurer sa continuité.

L’oeuvre la plus fascinante de l’expo est sans doute l’éclatante vidéo Dance to Miss Chief de l’artiste autochtone Kent Monkman, vivant à Toronto. Il s’agit du tout dernier vidéoclip mettant en vedette l’alter ego de l’artiste, Miss Chief Eagle Testicle, un personnage métissé entre le chef amérindien et la drag queen. Dans un clash magnifique, sur une musique presque sortie d’un dance mix de 1994, Monkman joue avec l’image stéréotypée de l’Amérindien en citant le cinéma allemand qui prend souvent pour sujet le peuple autochtone d’Amérique du Nord. Il est intéressant de voir comment l’artiste d’origine algonquienne Nadia Myre aborde dans un tout autre registre son projet participatif Indian Act. Elle utilise une technique de perlage ancestrale comme moyen d’expression et de reconnaissance de l’identité des autochtones du Canada.

Bref, Se reconnaître est une belle initiative d’Espace Virtuel, qui nous prépare d’autres magnifiques expositions collectives à surveiller dans la suite de sa programmation.

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