Emilio Chapela : Ask Google
Qui pourrait imaginer sa vie sans Internet? Certainement pas Emilio Chapela. Du moins, pour son travail de création. L’artiste compile en effet images et textes générés à l’aide de divers moteurs de recherche pour composer des énoncés poétiques qui en disent long sur l’inconscient collectif. Ainsi, le visiteur peut lire, blanc sur noir, des affirmations comme Contemporary art is bullshit, crap, worthless, ou Why are artists depressed, so weird, crazy, etc., affirmations trouvées telles quelles lors des requêtes Google effectuées par Chapela. "Des gens ont laissé leurs traces, et je les fais remonter à la surface", remarque notre interlocuteur.
D’ailleurs, le créateur de 33 ans affirme avoir été particulièrement frappé par l’omniprésence du racisme lors de certaines de ses recherches. Il explique qu’en tapant Why are Mexicans ou Why are Canadians dans la fenêtre de requête, "la fonction Suggestions de Google complétait souvent [s]es questions par des préjugés négatifs, attribués par la collectivité". "Parce qu’il s’agit d’interrogations fréquentes et anonymes, je pense que c’est un indice très révélateur de l’opinion des uns sur les autres", indique celui qui expose parallèlement au MOCCA, à Toronto.
Ajoutons que c’est par hasard que Chapela s’est retrouvé dans le milieu des arts visuels, lui qui possède des antécédents en mathématiques et en philosophie. "Je me suis intéressé à l’art contemporain, car je crois qu’il s’agit du domaine par excellence pour poser mille et une questions."
À noter que l’exposition Ask Google est présentée jusqu’au 12 novembre à la Galerie SAW. On peut également repérer quelques affiches créées par Chapela sur des palissades de chantiers de construction à Gatineau et à Ottawa.
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