Dans l’intimité des frères Caillebotte : Rendre hommage à l’oublié
Gustave et Martial, deux frères, deux destins, dont un seul est passé à l’histoire. Ils sont réunis pour la première fois au sein de la même exposition.
Première de la saison automnale, l’exposition Dans l’intimité des frères Caillebotte. Peintre et photographe fait le voyage depuis Paris et s’installe au Musée des beaux-arts du Québec en exclusivité nord-américaine. Une occasion de voir plus de 45 tableaux du peintre rattaché au cercle des impressionnistes Gustave Caillebotte, dont Le pont de l’Europe et Canotier au chapeau haut de forme. Se glissent également dans l’exposition près de 150 photographies de Martial Caillebotte, son frère cadet qui s’est adonné en amateur averti à la photographie vers la toute fin du 19e siècle.
Cette exposition est à l’origine une initiative de descendants de Martial Caillebotte qui ont voulu, à l’occasion du centenaire de son décès, faire connaître sa passion pour la photographie. Grâce à la notoriété de son frère, c’est chose possible. Néanmoins, en réunissant le travail des deux frères et en les regroupant autour des mêmes thèmes, la comparaison est inévitable. Qui a influencé l’autre? Quelle est cette relation entre l’oeuvre du peintre et la photographie du second? Or il ne faut pas tomber si facilement dans le piège. Sans trop se pencher sur les liens directs entre les recherches esthétiques de chacun, il faudrait plutôt voir apparaître les affinités entre les sujets et les observations communes à l’un et l’autre. Émerge ainsi un dialogue sur la complicité et les plaisirs partagés, notamment le nautisme et l’horticulture. Il n’en demeure pas moins que les photographies de Martial Caillebotte – souvent des souvenirs, des portraits de famille ou des prises de vues architecturales de la capitale française – prennent une valeur documentaire et apparaissent comme un auxiliaire face aux oeuvres du peintre.
Des points fort intéressants qui ressortent de la juxtaposition de ces tableaux et des photographies sont l’audace dont a fait preuve Gustave Caillebotte et les apports considérables et singuliers qu’il a laissés à la peinture. Plusieurs tableaux présentés confirment pourquoi le peintre a soulevé à la fois un vif intérêt chez ses contemporains et les polémiques chez les critiques de l’époque. Les larges cadrages, les jeux de perspective et même l’utilisation de la profondeur de champ démontrent aussi les effets qu’ont pu avoir ses innovations sur la photographie quelques décennies plus tard. Si bien que l’on perçoit dans la photographie de Martial certains emprunts à son aîné.
L’exposition est donc une invitation à découvrir ou à redécouvrir quelques oeuvres de Gustave Caillebotte en bénéficiant de l’ouverture que permettent les photographies de Martial sur la vie de ces deux hommes et l’effervescence parisienne dans les dernières décennies du 19e.
Jusqu’au 8 janvier 2012
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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À voir si vous aimez /
Claude Monet, Auguste Renoir, Gustave Courbet
Pour cette exposition des frères Caillebotte, les présentations de l’ouverture nous donnaient celui des deux frères, le peintre Gustave, comme étant celui des deux que l’histoire de la peinture avait oublié, alors que l’autre frère, Martial le photographe, n’aurait été qu’un amateur s’étant livré à la photographie dans ses moments libres.
Pourtant, ce n’est pas le peintre qui a retenu principalement mon attention, mais le photographe. Alors que le peintre semble trop souvent avoir subi, sans les avoir interprétées originalement, les influences de ses amis les peintres impressionnistes dont la renommée est parvenue sans faille jusqu’à nos jours, le photographe a innové complètement. Non seulement il fixe des images de la modernité, mais il le fait d’une manière toute personnelle et sans tenir compte des canons de l’art, si tant est qu’il y eut de pareilles balises pour la photographie à cette époque de l’art naissant.
L’un comme l’autre cependant se rejoint pour nous donner la vision bourgeoise du monde d’alors, celles des nantis parcourant des avenues percées dans le ventre de Paris pour leur plaisir et leur bonne fortune par le baron Haussmann.