Modernisme en miniature : Points de vue au CCA
Arts visuels

Modernisme en miniature : Points de vue au CCA

Au-delà de son apparente aridité intellectuelle, la nouvelle exposition du Centre canadien d’architecture (CCA) aborde un phénomène que nous vivons au quotidien: comment les moyens de communication modernes ont fait en sorte que l’architecture nous paraisse aujourd’hui si familière!

Lorsqu’on pénètre dans la petite salle octogonale du CCA, où se tient l’exposition, on a presque envie de repartir aussitôt sur la pointe des pieds en s’excusant de ne pas être un expert en architecture. Autant la sobriété de sa présentation (quelques photos et publications d’archives) que la nature de son sujet digne d’une thèse ("les interactions entre la photographie et la maquette architecturale des années 1920 aux années 1960") peuvent nous faire croire qu’elle est réservée à des spécialistes, ou du moins à des étudiants en architecture. Il n’en est rien! Car, au-delà de cet apparent ésotérisme académique, il faut y voir une évocation très accessible (parfois même amusante) des origines de la médiatisation de l’architecture.

Comment se fait-il que nous ayons déjà vu les édifices des plus grands architectes de ce monde sans avoir nécessairement voyagé? Réponse: par la photographie et les magazines (écrits ou virtuels). Comment pouvons-nous savoir à quoi vont ressembler la nouvelle salle de l’OSM, l’extension du Musée des beaux-arts ou la Maison du développement durable avant même qu’elles ne soient inaugurées? Grâce à la modélisation. Eh bien, tous ces moyens de communication qui nous semblent si naturels sont apparus dans les années 1920, avec les débuts du mouvement moderniste, et ont amorcé une démocratisation de l’architecture après la guerre.

L’exposition du CCA nous montre ainsi comment la photographie de maquette a permis aux architectes de communiquer sur leur démarche conceptuelle, en la diffusant largement dans des publications spécialisées ou non et en orientant le regard des lecteurs selon l’angle de la prise de vue. D’ailleurs, à l’époque, elle était aussi utilisée pour vendre les projets architecturaux, avec notamment l’apparition des premiers photomontages de l’histoire. Il faut dire que les projets d’alors étaient parfois si mégalomanes qu’il s’agissait d’être un bon vendeur! Le petit film promotionnel du projet fou de Le Corbusier présenté à l’exposition (il voulait, dans les années 1930, raser le centre de Paris pour y édifier des tours de béton reliées entre elles par des voies rapides!) fait peut-être aujourd’hui sourire. Pourtant, il y croyait à l’époque! Et pour ceux dont la curiosité aura été piquée, le CCA met aussi à la disposition une interface virtuelle pour s’envoyer à la maison des articles de fond sur le sujet…