Anna Williams et Bozica Radjenovic : Galerie Karsh-Masson
Deux artistes ottaviennes exposent ces jours-ci à la Galerie Karsh-Masson. L’installation d’Anna Williams ainsi que les oeuvres de Bozica Radjenovic démontrent le savoir-faire artisanal des créatrices, mais témoignent également du concept-clé qui semble rattacher les deux corpus, soit celui de l’arrêt du temps, où des moments figés dans l’espace se dévoilent avec un certain humour au spectateur.
Au rez-de-chaussée, les matériaux hétéroclites que travaille Williams s’agencent pour former un univers où les attentes sont trompées. En effet, les fonctions de certains objets sont en forte opposition avec leur matérialité. Une multitude de flèches de verre suspendues pointent en direction de deux faons de bronze, couchés sur un immense tapis tressé. L’improbabilité de l’action exprimée (la chasse) est ainsi renforcée par la relation établie entre la fragilité des projectiles et le caractère permanent des animaux pourchassés. Le fait que la scène se joue sur un tapis multicolore ne fait qu’accentuer l’ironie exprimée dans l’oeuvre.
À l’étage, les sculptures molles de Radjenovic, tricotées avec des fils de laine colorés, sont agencées en vitrines étroites où structure et ordre sont de mise. Regroupés selon leurs teintes respectives (bleu, jaune, rouge), divers objets, dont un escalier, une chaise et un arbre, font naître des décors sévères et dépouillés, mais dont la souplesse de leurs composantes, et même l’apparence un peu délabrée, interpelle l’observateur, lui rappelant sans doute sa propre humanité.
À voir si vous aimez /
Ernesto Neto, Michel Blazy