Cindy Stelmackowich : Ces chers disparus
Cindy Stelmackowich a effectué, l’hiver dernier, un stage en résidence au Musée Bytown. Elle s’est intéressée à des objets liés à la mémoire, au deuil et à la perte, datant de l’époque victorienne. Par la suite, elle a créé des oeuvres qui revisitent l’objet mortuaire traditionnel, réfléchissant ainsi sur le culte du deuil et le discours critique féministe du 21e siècle. Dans une juxtaposition judicieuse, l’exposition Ces chers disparus rassemble ses créations ainsi que des artéfacts pertinents de la collection du musée.
Le visiteur est donc invité à découvrir quelques objets inusités: des esquisses de la reine Victoria en deuil, des couronnes de cheveux encadrées, des accessoires funéraires, dont des boucles d’oreilles fabriquées à partir de cheveux (car à l’époque victorienne, la chevelure incarnait le souvenir des défunts), de même qu’une photographie spirite où une lumière blanche, évocatrice d’une présence fantomatique, entoure les personnes au chevet d’une femme dans son lit de mort. À noter que la photo a été prise par Samuel Jarvis qui, à la fin du 19e siècle, dirigeait un important studio de photographie à Ottawa.
Les travaux de Stelmackowich sont, quant à eux, parfaitement intégrés aux artéfacts, notamment les estampes ultrachromes de la série Formes et espaces du choléra, où dentelle noire et illustrations scientifiques s’amalgament en une métaphore morbide sur les conséquences de la terrible maladie et la fragilité de la vie, les énigmatiques dômes de cheveux sculptés mis en opposition à des portraits de femmes de l’époque victorienne, ou encore l’étrange Suite de couronnes de cheveux, où les traditionnels cadres ovales de portraits sont remplacés par d’abondantes tignasses tressées.