Refuges et désordre : Dommages collatéraux
Arts visuels

Refuges et désordre : Dommages collatéraux

Il y avait des années que Jo Ann Lanneville n’avait pas présenté une expo solo dans la région. Elle se paie ce plaisir avec Refuges et désordre.

Ici comme ailleurs, l’homme perd le contrôle sur le monde qui l’entoure. Ses rapports avec les autres s’effritent, deviennent moins directs en raison des nouveaux médias, tandis que l’environnement se dégrade. Ces constats ont inspiré la Trifluvienne Jo Ann Lanneville dans la création de Refuges et désordre, où elle évoque ces abris que l’on se construit pour se protéger de soi et des autres, pour ne pas voir le tort que l’on fait à la planète.

"J’ai un chalet sur le bord d’un lac. Les dégâts que l’on fait à notre environnement, je les vois tous les jours. Dans le fond, ce travail, c’est une double réflexion. C’est sur la nature humaine et sur l’environnement. Je fais un peu le parallèle entre les deux", explique-t-elle. Une réflexion qui a aussi été nourrie par de nombreux séjours à l’étranger. "J’ai beaucoup voyagé dans les dernières années, dans des pays où on a encore des chocs culturels. Je suis allée en Bosnie-Herzégovine, où les traces de la guerre existent encore, en Inde… Et le rapport entre la nature et l’humain, c’est très contradictoire. En Inde, je suis allée dans des sites magnifiques. Par contre, quand tu te promènes dans les bidonvilles ou dans les rues, tu vois quelle décrépitude est dans ce monde-là! Ici, c’est un peu plus subtil ce qui se passe. Mais tout est là quand même. Et il faut avoir conscience de ça."

L’expo prend vie à travers des dessins, des gravures ainsi que des objets que l’artiste a fabriqués. "Les objets sont dénaturés", insiste celle qui a entre autres imaginé une pierre en vison et un oeuf en plumes. "Habituellement, l’oiseau est à l’intérieur de l’oeuf. Moi, les plumes sont à l’extérieur. J’ai changé l’ordre de la nature, mais tout le monde est en train de changer!"

Le propos de Refuges et désordre n’a rien de ludique. Il est même plutôt terre-à-terre. "Ce que je souhaite, c’est surtout de susciter une réflexion par rapport à ça. Je n’ai pas la mission de vouloir changer le monde. Par contre, quand on a une conversation avec quelqu’un et que le sujet nous intéresse, ça nous pousse parfois dans les jours ou les semaines qui suivent à être un peu plus attentif à ce qui se passe. C’est plus dans ce sens-là. Car je sais très bien que l’on ne change pas le monde en faisant un travail en arts visuels."