Big Bang : Cirque, encens et canapé
Le Musée des beaux-arts donne l’occasion à des créateurs d’aujourd’hui d’engager une conversation avec des créateurs d’hier. Un projet qui fait Bang!
Rien ne se perd, rien ne se crée. La célèbre formule vaut pour les arts autant que pour les sciences, on le savait. Quiconque investit la toile ou façonne la matière le fait en s’inspirant de ce qu’il a déjà vu. Au pire il égratigne son modèle, au mieux il lui rend justice; dans de rares cas il prend appui sur lui pour créer quelque chose de neuf.
Rien ne se perd, rien ne se crée, donc, mais tout se transforme.
L’expo Big Bang, à l’affiche du MBA depuis quelques jours, provoque intentionnellement la transformation en invitant une vingtaine d’artistes de renom (Melissa Auf der Maur, Nancy Huston, Pierre Lapointe, Wajdi Mouawad…) à réinterpréter une oeuvre de la collection du musée.
Dans certains cas, l’oeuvre initiale agira comme un petit mais puissant détonateur. Marie Chouinard a par exemple placé au milieu de la salle mise à sa disposition un kogo japonais (boîte à encens) de l’ère Edo, modeste objet qui entre en résonance avec une série de photographies grand format.
Jeannot Painchaud, cofondateur du Cirque Éloize, propose de son côté un écho simple mais éloquent du Cirque de Jean-Paul Riopelle. Tandis que le réputé tableau nous livre sa charge immobile, des écrans suspendus au plafond s’animent de diffrérents types d’acrobaties.
Denys Arcand et Adad Hannah, eux, se sont inspirés de La ronde, une pièce de l’Autrichien Arthur Schnitzler qui avait fait scandale au début du 20e siècle, pour créer un lieu de décadence feutrée autour d’un énorme canapé italien en faux léopard. Grrr…
Dans tous les cas un "open work", pour reprendre la formule de la directrice du MBA Nathalie Bondil, qui, à défaut d’être toujours aussi porteur, dépoussière des oeuvres souvent peu fréquentées.
Entrée libre.
J’ai lu sur cette exposition dans la presse et je trouve que cela semble vraiment intéressant.J’aimerais aller voir ce que chaque personne a fait avec ce qui était à sa portée et son imaginaire.Au plaisir de me rendre à cette expo et aux suivantes.
Déjà que l’idée d’interpréter une création artistique, au sens de spéculer quant à sa possible ou probable signification, m’a toujours paru un exercice peu opportun sinon fort malvenu, pousser à présent la non-pertinence jusqu’à vouloir réinterpréter ce qui est (et n’a pas à être expliqué pour être) confine presque au harcèlement artistique, si pareille chose peut être de la sorte exprimée…
Un acrobate trouvera-t-il approprié ce que pourra dire un peintre de ses contorsions ? Un sculpteur appréciera-t-il vraiment la perception possiblement superficielle sinon erronée d’un musicien relativement à son œuvre ? Qui peut bien espérer gagner «quoi» à une ribambelle n’aboutissant qu’à dénaturer l’art des uns par le biais d’interventions intempestives de la part des autres ?
Les premiers se retrouvent floués tandis que les seconds se prêtent à un jeu qu’ils pourraient ne pas du tout personnellement apprécier si les rôles étaient inversés.
La «cause» de l’Art est-elle devenue aujourd’hui à ce point si souffreteuse qu’il faille maintenant se préoccuper de son «emballage» pour lui donner un peu de souffle ? J’ose espérer que non.
J’aimerais tant visiter cette expo et pouvoir la partager avec tous à mon tour :)