César Damián : Migration Essay
Dès ses premiers pas dans la salle, le visiteur est plongé dans la pénombre. Il entend, à travers les haut-parleurs de l’entrée, des monologues, et le bruit de l’écoulement de l’eau. Attiré par une faible lumière émanant de bocaux de verre, il s’approche. Il aperçoit alors, dans les contenants suspendus, des photos montrant des visages étrangers. Les épreuves sont déformées, comme pour épouser la courbe de leur récipient. Un peu plus loin, une vidéo se projette sur un bocal solitaire. Et à travers les parois translucides, la distorsion des visages apparaît encore plus évidente.
L’exposition Migration Essay, de César Damián, est esthétiquement saisissante. Elle forme un lieu où sont sollicités les sens de la vue, de l’ouïe, et même du toucher. Les effets et les reflets de la lumière y sont explorés, une bande sonore multiple se fait entendre et, à leur tour, les sons joués évoquent la fluidité et la sensualité de l’eau. L’installation pousse le témoin à s’arrêter et l’invite à quelques minutes d’observation pour mieux s’imprégner des diverses sensations, le forçant ainsi à mieux réfléchir à la signification des composantes.
Le sens de l’oeuvre se révèle peu à peu, sans toutefois se développer complètement, à la lecture du texte accompagnateur. Il y est question d’une multitude de thèmes effectivement exploités: dispositifs mnémoniques, notions d’identité, commentaires sur la fragilité de la vie, de l’émotion et de la spiritualité humaine, marginalisation de l’étranger immigrant… L’abondance de sens confère à l’oeuvre tout son charme.