Marie Émond : Et la lumière fut!
Dans Obsession et ses toiles luminescentes, la peintre Marie Émond tente d’atteindre l’inaccessible.
L’artiste Marie Émond s’est longtemps exprimée par la photo. Puis, lors d’un congé de maladie, tout a basculé. "Quand j’ai abandonné l’enseignement en 2000, je suis partie un an à L’Isle-aux-Grues. Ça a fait en sorte que j’ai souvent rencontré Huguette Vachon, la dernière femme de Riopelle. Quand il est décédé en mars 2002, elle m’a demandé d’être photographe pour la succession. Comme je n’avais pas de logement, elle m’a permis de rester dans le camp de chasse de Riopelle, maison où il a créé Hommage à Rosa Luxembourg. J’ai travaillé à L’Isle pendant deux mois, 10 heures par jour. J’étais fatiguée, mais heureuse d’être en contact avec les oeuvres de Riopelle. Je crois que cette expérience a été importante dans ma démarche, raconte la volubile peintre de Lotbinière. Ça m’a donné le goût de la création."
Mais aussi du mouvement et de la couleur. C’est entre autres pour ces raisons que, de retour chez elle, elle a décidé de troquer son appareil photo pour un pinceau et des tubes d’acrylique. "Je vivais dans une petite roulotte à Saint-Vallier de Bellechasse, en face de l’île d’Orléans. J’étais dans un état de bonheur total. Je travaillais jour et nuit" souligne-t-elle.
Malgré une formation en arts visuels, Marie Émond se fout des lois dans son expo Obsession. Elle expérimente l’art brut. À cheval entre l’abstraction et la figuration, ses oeuvres – des bancs de poissons, des volées d’oies, des hommes debout et en chute libre – se distinguent par le fait qu’elles brillent dans l’obscurité. "Je sais que c’est impossible, mais j’aurais aimé créer une couleur. Et à un moment donné, j’ai découvert l’acrylique phosphorescent. J’en ai acheté et j’ai trouvé ça génial. Enfin, je pouvais aller au bout de moi-même. C’est comme si j’avais trouvé de l’harmonie", conclut celle qui peint la plupart du temps en silence.
Obsession sera présentée en version luminescente les 19 et 26 novembre ainsi que le 3 décembre, de 17h à 20h.