La jeune femme ambiguë : Rose fiction
Jessica Morin couronne ses recherches de maîtrise en art à l’UQAC par l’exposition La jeune femme ambiguë au Centre national d’exposition.
Dans La jeune femme ambiguë, l’artiste fait l’éloge de l’imaginaire par rapport à la vérité du monde réel, du monde adulte. Elle nous plonge dans une mise en scène complètement absurde et ludique: l’inconfort d’une jeune femme et son besoin de se raccrocher au monde de l’imaginaire. Un monde tout en pastel.
Jessica Morin nous invite dans son wonderland surréaliste qui réunit peintures et éléments sculpturaux. Ses objets ludiques sont en réalité des reproductions d’animaux troublants, de taille réelle, figés et synthétiques. Parmi eux, on trouve de gentils Bambis peints de rose, des rats vert pomme, des lapins violets positionnés sur un damier, comme les pions d’un jeu d’échecs. Cette efficace mise en espace d’objets n’est pas sans rappeler quelques symboles des films de Tim Burton. Également, l’influence graphique du carrelage noir et blanc comme obsession esthétique se prolonge dans ses toiles. Au mur, une suite de tableaux forme un langage plastique qui fusionne peinture et illustration. Un charmant clin d’oeil à la bande dessinée.
La présence d’un personnage féminin est récurrente. Poses coquettes, expression naïve, sourcil relevé: c’est la jeune femme ambiguë, une sorte d’avatar de l’artiste. Le personnage candide de la femme-enfant entretient une relation particulière avec les figures animales de son cadre. Rêves, séduction, questionnements. Dans son monde onirique, les animaux la regardent. Elle bat des cils, insouciante. Sans le savoir, ces bêtes deviennent spectatrices de sa vie, de son quotidien, de ses fantasmes. Le décor se referme sur le symbole de la jeune femme s’agrippant au monde de l’enfance. Le conte se trouble. Les jeux d’enfant sont devenus des jeux de séduction.
La mise en espace des oeuvres est calculée pour offrir un parcours où le spectateur s’enfonce dans le délire surréaliste et fantastique de l’artiste. Au fil du trajet de l’exposition, les sujets s’effacent, les repères basculent, les perceptions deviennent troubles. Les créatures sont de plus en plus étranges. La princesse devient prisonnière de son monde imaginaire… autant que le spectateur.