HGD et Stéphanie Chabot : Bricoles d'adultes
Arts visuels

HGD et Stéphanie Chabot : Bricoles d’adultes

HGD et Stéphanie Chabot exposeront leur toute récente production à AXENÉO7. Conversation avec deux artistes dont le travail n’a rien de trop enfantin.

"Festif, macabre, et dramatique." C’est ainsi qu’Hugo Gaudet-Dion, ou HGD, définirait son univers en quelques mots. Originaire du Témiscamingue, l’ancien étudiant de l’ÉMI, à l’UQO, donne des précisions sur sa démarche: "J’essaie de créer des mises en scène qui, même si elles ne présentent pas des sujets propres à l’enfance, intègrent ses modes d’expression. Je fais voir des imitations de bricolages d’enfants, des couleurs primaires et secondaires, très peu de couleurs salies…"

HGD s’attèle à la tâche à l’aide de morceaux de carton, de ruban gommé, de gouache, bref, de matériaux pauvres de l’art. Et à voir les résultats, on ne s’étonne pas d’apprendre qu’il met plus d’une centaine d’heures à travailler à ses décors. "Moduler du carton m’est facile… Je trouve intéressant qu’un matériau rigide devienne une matière organique", précise-t-il en pointant l’un de ses personnages, grandeur nature, dans son atelier. Le visiteur de sa nouvelle expo, à AXENÉO7, remarquera aussi l’aspect non fini de ses oeuvres. "Je n’essaie pas de cacher mon processus de raboutage, ni son caractère malhabile. Mes pièces introduisent d’ailleurs l’idée du pansement, du recouvrement d’une blessure…" réfléchit l’artiste, en faisant référence au caractère violent inhérent à ses oeuvres.

HGD tente ainsi de créer des rapprochements insolites entre le monde des adultes et celui des enfants. "Taper sur une pignata, c’est un peu comme taper sur quelqu’un, fait-il remarquer. Le premier geste est posé par l’enfant, le second, par l’adulte. Le ludique et le macabre sont mis en opposition…"

C’est par le dessin que ce membre fondateur du Temporaire s’est d’abord exprimé, tout jeune. À l’université, il s’est plutôt tourné vers l’installation afin d’intégrer les gens dans ses oeuvres, l’idée du festif y étant présente. "L’oeuvre peut ainsi devenir un événement en soi", observe notre interlocuteur.

Pour élaborer ses mises en scène, il s’inspire du monde qui l’entoure: la violence, qu’il juge banalisée, les dessins animés, leur facture, même ses propres dessins. "Mais je pars toujours d’un contexte loin du monde de l’enfance, un bureau, par exemple, un élément qui fera partie de l’exposition à AXE. Et je développe le reste de la mise en scène à partir de là…"

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FRAGILITÉ INDESTRUCTIBLE

Pour sa part, Stéphanie Chabot présentera une installation in situ, ayant effectué une résidence à AXENÉO7. "Ça m’a permis de travailler sur place, précise la détentrice d’une maîtrise de l’Université York. Les galeries ressemblent à des boîtes, c’est un aspect que j’ai traité comme un élément de mon travail."

Celle qui est originaire de Gatineau et qui habite maintenant Montréal a fabriqué une grande toile à partir de tissus domestiques (draps d’enfants, tissus récupérés) pour diviser l’espace, ainsi qu’une sculpture d’oiseau, qu’elle qualifie "d’objet fragmenté instable". "La toile peut être brisée, mais réparée facilement. Elle est caractérisée par une fragilité indestructible, tout comme la sculpture de l’oiseau…"

Et les autres thèmes de sa démarche? "Je ne sais pas si thème est le mot juste… Disons que mon propos s’articule autour du naturel et de l’artificiel, du domestique (c’est-à-dire l’intérieur d’une maison), et des mythes, à travers lesquels les gens peuvent se reconnaître. J’essaie de montrer un mélange d’objets trouvés et d’objets que j’ai moi-même fabriqués, pour brouiller les pistes et faire voir sous un nouvel angle", indique Stéphanie.

Elle juge qu’être artiste est "difficile, parce que c’est instable, sans compter la vie de famille", mais que ça la "force à réfléchir, pour éviter de tomber dans une logique de consommation". "C’est une discipline qui m’est précieuse", conclut-elle au bout du fil.