Musée des beaux-arts : Afficher ses couleurs
Arts visuels

Musée des beaux-arts : Afficher ses couleurs

En ce début d’année, le Musée des beaux-arts (MBA) présente plusieurs expos qui méritent une visite, dont sa collection, qui est l’un de ses atouts.

On ne chôme pas au MBA et on ose y mener plusieurs vastes projets de front. Le nouveau pavillon d’art québécois et canadien vient d’ouvrir ses portes (avec un parcours élaboré de main de maître par le conservateur Jacques Des Rochers), des tableaux de Michael Merrill sont éparpillés un peu partout, des photos de Richard-Max Tremblay font le panorama d’artistes québécois contemporains, l’expo Big Bang est à l’affiche et en plus, les conservateurs en ont profité pour redéployer la collection des arts décoratifs ainsi que celle de l’art ancien européen…

Que découvrir dans cette dernière? Certes, notre musée n’a pas les collections du Metropolitan Museum ou du Louvre. Mais le parcours historique proposé ne manque pas de grands noms ni d’oeuvres uniques. Les deux Mantegna (peintre immense de la Renaissance italienne) sont extraordinaires, tout comme le Portrait de jeune fille de Rembrandt ou le paysage de Ruisdael. À ces oeuvres s’ajoutent celles du Greco, du Tintoret, de Bruegel le Jeune, de Poussin, du Lorrain, de Le Brun, d’Hubert Robert, de Goya… Le MBA a opté pour une installation moins neutre qu’auparavant. Les murs sont colorés de mauve, bleu, jaune, gris… Voilà une façon de faire tout à fait dans l’esprit de la muséologie contemporaine. Le Musée d’Orsay (sous la direction de Guy Cogeval, ancien directeur du MBA) vient de défrayer la chronique pour avoir procédé ainsi récemment. Voilà une façon de rompre élégamment avec un aspect froid du modernisme qui avait fait son temps.

Le musée aurait pu néanmoins pousser encore plus loin cette nouvelle installation. On aurait pu présenter un peu plus d’oeuvres sur certains murs (afin de mieux recréer l’esprit d’un accrochage ancien). On aurait aussi pu intercaler quelques gravures et même inclure plus d’information en incorporant des textes (anciens ou récents) sur certaines oeuvres marquantes… Heureusement, plusieurs panneaux explicatifs introduisent bien les époques.

On a aussi opté pour des parois de bois qui tentent de donner à l’ensemble un aspect plus cossu et qui permettent dans les galeries des lieux plus intimes. Même si cela était une bonne idée, le résultat déçoit un peu. Le bois (au grain très marqué) jure parfois avec le reste des murs et semble plaqué un peu artificiellement dans les espaces. La scénographie du nouveau pavillon québécois et canadien est nettement plus réussie, plus en harmonie avec les oeuvres et les époques montrées. Un réaménagement à voir.