Lyonel Feininger: de Manhattan au Bauhaus

est une exposition qui permettra de faire un survol éducatif de l’art moderne de la première moitié du 20e siècle. Vous pourrez y explorer le cubisme, l’expressionnisme, l’art du Bauhaus et, dans une certaine mesure, les débuts de l’abstraction (pas celle qui fut totalement non figurative, mais celle qui voulait extraire du réel ses éléments les plus significatifs). Pour cette première grande rétrospective de l’oeuvre de Lyonel Feininger (1871-1956), montée avec le Whitney Museum of American Art de New York, le MBA a fait les choses en grand. L’expo est superbement installée (la salle musicale dédiée aux paysages est particulièrement bien aménagée), les panneaux explicatifs, très intéressants, la vidéo sur le Bauhaus, particulièrement instructive. Vous y verrez des gravures de plusieurs collègues de Feininger au Bauhaus: Itten, Klee, Schreyer… Une grande question reste cependant en suspens: Feininger fut-il un grand artiste? Il ne fut pas véritablement un grand peintre, ses toiles étant souvent très illustratives (à l’exception de quelques-uns de ses paysages très proches du romantisme). Il faut dire que Feininger fut en premier lieu un caricaturiste et illustrateur accompli (ce qui se ressent dans beaucoup de ses créations). Il fut aussi un excellent graveur qui a entre autres réalisé la célèbre image de cathédrale pour le manifeste écrit par Gropius afin d’expliquer la mission de l’école du Bauhaus. De plus, il fut un photographe remarquable et très expérimentateur, comme le montre l’expo de ses clichés au Getty Museum à Los Angeles ces jours-ci. Nous aurions d’ailleurs aimé voir un plus grand nombre de ses photos à Montréal.

L’expo permet aussi de voir les photos de deux de ses fils qui se sont fait particulièrement remarquer dans ce domaine (T. Lux et Andreas), et même quelques-unes de sa femme Julia. Cette expo aurait d’ailleurs pu s’intituler "Les Feininger et l’art du 20e siècle" tant il n’est pas si habituel de voir une famille entière être aussi créative…

Malgré ces importantes réserves, une expo qui permettra de se plonger dans l’histoire de l’art du siècle dernier.

Le visiteur restera cependant bien plus perplexe quant à la pertinence de donner le Carré d’art contemporain (au sous-sol du musée) à l’oeuvre très décorative de Dorothea Rockburne, artiste née à Montréal et vivant aux États-Unis… Étonnante décision.