Shuvinai Ashoona et Ningeokuluk Teevee : Plan Nord
Shuvinai Ashoona et Ningeokuluk Teevee sont à La Centrale dans Ciel ecchymose. Une expo où se rencontrent réflexion sociale et recherche formelle.
Depuis quelques années, la culture amérindienne contemporaine a un peu de reconnaissance. Certains diront qu’il s’agit d’une mode… Pour une fois, voilà mode que nous voulons bien suivre et que nous continuerons à surveiller avec attention même quand elle sera passée auprès des collectionneurs et du public.
Cette culture contemporaine attire la curiosité sur la scène internationale. Un exemple: Annie Pootoogook faisait partie de la Documenta de Kassel en 2007. Plus près de nous, à Montréal, la galerie Pierre-François Ouellette nous montrait en 2009 les oeuvres de Pootoogook ainsi que celles de Shuvinai Ashoona. Récemment, la galerie Art Mûr présentait Baliser le territoire: manifestation d’art contemporain autochtone avec 25 artistes sous le commissariat de Nadia Myre. Vous pouviez y remarquer bien sûr le travail de Myre, mais aussi celui de Mike Patten avec son bâton de baseball ensanglanté par une tache qui se révèle un dessin de la carte du Canada (et dont le titre est Native Beating)! Et puis à La Centrale, nous pouvons revoir le travail de Shuvinai Ashoona qui est cette fois-ci jumelée à Ningeokuluk Teevee, toutes deux des artistes de Cape Dorset. Il s’agit du deuxième volet de Femmes de l’Arctique, événement qui a débuté en novembre 2010 à La Centrale (et qui doit s’étaler sur trois ans). Ces expos montrent comment les Amérindiens peuvent rebâtir leur société et leur culture, leur société par la culture. Elles nous disent aussi comment nous devons participer à cette entreprise-là.
À La Centrale, sur des murs de couleur, la commissaire Stéphanie Chabot a décidé de mélanger les dessins des deux artistes pour créer des liens visuels intéressants. Vous reconnaîtrez néanmoins assez facilement l’auteure de chacune des oeuvres. Le travail d’Ashoona contient une forme de violence sociale sourde. À une ou deux occasions, nous pouvons même voir une attitude agressive envers la nature et l’écologie, comme dans ce dessin où des animaux imaginaires semblent se battre pour se partager des planètes inventées pendant qu’un humain pisse sur sa Terre… Chez Teevee, la recherche formelle semble plus marquée. C’est par exemple le cas de Shadow, jeu visuel sur l’ombre et la lumière, sur le visible et l’aveuglement…
Signalons qu’Ashoona fera partie de l’expo Oh, Canada qui se tiendra au MASS MoCA au printemps prochain.
Un reproche: nous aurions voulu voir plus de travaux de ces deux artistes afin de nous faire une idée encore plus juste de leurs démarches respectives.
Ça me rappelle les dessins de ma nièce de 16 ans! Elle vient de s’inscrire au concours national pour les jeunes artistes: http:/makeart.gallery.ca/fr
Ça vaut la peine de partager pour encourager la releve artistique – de tous les coins du pays!
Dans l’article on parle de la culture amérindienne. Ashoona et Teevee sont de Cape Dorset donc de culture inuite et non amérindienne.