À ciel ouvert. Le nouveau pleinairisme au MNBAQ : Aller jouer dehors
Ce printemps, le MNBAQ nous amène dehors avec À ciel ouvert. Le nouveau pleinairisme, qui prend le pari de revisiter la pratique artistique en plein air.
C’est une invitation à proposer une exposition que Line Ouellet a lancée à Kitty Scott, commissaire de renommée internationale qui est à l’origine de l’exposition. Pour son premier commissariat en territoire québécois, Kitty Scott s’est penchée sur une thématique qui l’intéressait depuis un certain temps. "Elle travaille depuis plusieurs années sur la thématique du pleinairisme. Elle se questionne sur la manière dont les artistes d’aujourd’hui réfléchissent à cette posture, celle de travailler en extérieur, ou d’impliquer l’extérieur dans leurs oeuvres avec différents moyens", explique Eve-Lyne Beaudry, conservatrice de l’art contemporain (1950 à 2000) au MNBAQ.
Pour l’exposition, la commissaire s’est intéressée au développement de la pratique du pleinairisme dans une perspective internationale et géographique, puisqu’on trouve des oeuvres de 16 artistes provenant d’une dizaine de pays des Amériques et de l’Europe. "Bien que ces artistes soient éloignés géographiquement et historiquement, Kitty Scott a voulu voir comment toute cette thématique est abordée par différents artistes à travers différentes périodes et différents lieux", précise-t-elle. Au coeur de l’exposition se trouve également la volonté de la commissaire de faire le lien entre le travail des artistes contemporains qui s’intéressent au plein air et la tradition du pleinairisme.
Si la plupart des oeuvres exposées proviennent des collections personnelles des artistes, Kitty Scott a souhaité intégrer des oeuvres de la collection du Musée dans l’exposition. Ce n’est pas elle qui a fait la sélection, mais Pierre Dorion, car elle préférait s’en remettre au regard d’un artiste. "Il a fait une lecture intuitive de l’histoire de l’art canadien et d’influence européenne du pleinairisme et a sélectionné des oeuvres des 19e et 20e siècles", relate Eve-Lyne Beaudry. Elles sont présentées à l’entrée de l’exposition et servent en quelque sorte de mise en contexte aux oeuvres contemporaines. Nous accueillent donc des peintures, pochades et photographies de Camille Corot, Cornelius Krieghoff, Jean Paul Riopelle, Rodolphe Duguay et autres. À noter: à la demande de l’artiste, les pochades sont présentées sans leur cadre. Belle initiative qui permet de rester plus près de leur esprit spontané.
Cette entrée en matière met la table pour le principal sujet de l’exposition, qui nous présente une variété de regards et de réinterprétations de la pratique artistique en plein air, à travers dessin, aquarelle, peinture, vidéo, collage et sculpture. Le travail de certains artistes s’inscrit directement dans la direction du pleinairisme (Silke Otto-Knappe), alors que d’autres, comme Geneviève Cadieux, s’intéressent à la question du temps qui passe et de son effet sur le paysage. Certaines oeuvres, comme celles de Mark Igloliorte, proposent une réinterprétation des sujets traditionnels, d’autres participent de pratiques performatives, comme en témoignent les deux séries de Ragnar Kjartansson. On trouve également des propositions liées au land art, des créations plus conceptuelles et, on ne saurait passer à côté, des oeuvres inspirées par le paysage urbain et l’intervention de l’homme dans la nature.