L’univers de Michel Tremblay : Michel en cinq temps
Avec l’exposition L’univers de Michel Tremblay, le Musée de la civilisation rend hommage à un homme et à son oeuvre. Lise Bertrand, l’une des conceptrices, nous y guide.
Une pièce sombre, beaucoup d’images et une ambiance sonore rappelant le parc Lafontaine ou la rue Saint-Laurent: pour Lise Tremblay, célébrer Michel Tremblay signifiait nécessairement plonger dans son univers. "C’est une installation immersive, qui fait appel à l’intériorité. Ce n’est pas une exposition qu’on peut visiter en "poisson", comme on dit dans le milieu. Il faut prendre un certain temps et s’abandonner à l’écoute."
Malgré un désir de mettre le texte au centre des préoccupations, en invitant par exemple les comédiens Normand D’Amour et Guylaine Tremblay à lire des passages de l’oeuvre romanesque de Tremblay, on a aussi voulu faire une large place à l’homme. Des témoignages de René-Richard Cyr, André Brassard et Denise Filiatrault ajoutent aux mots de cette exposition sans objets, sinon une boîte de chocolats. "Les objets, ce sont les images et le son. On est allés puiser dans tout ce qu’on pouvait trouver d’archives visuelles, que ce soient des entrevues, des adaptations de pièces de théâtre, des extraits de ses films, des témoignages de ses collaborateurs. Je voulais que les gens prennent conscience de toute la gamme d’émotions qu’il y a chez Tremblay, la tristesse aussi bien que le rire."
L’exposition, qui privilégie le multimédia (et propose une banque d’images pour ceux qui voudraient pousser plus loin leur visite), ne se défend pas d’un désir d’attirer aussi une clientèle plus jeune. "On s’est rendu compte que les plus jeunes ne le connaissent pas. Dans les années 70, on apprenait Michel Tremblay dans les cours de français. Je me suis demandé si ça se faisait encore, et j’ai le sentiment que non."
Lise Bertrand admet que l’oeuvre du dramaturge ne manque en ce moment pas de visibilité, parlant volontiers d’un "effet d’entraînement Belles-soeurs". "Il est sur toutes les scènes, c’est d’une certaine façon l’année Michel Tremblay, et notre exposition profite d’une vague dans laquelle elle s’inscrit sans qu’on l’ait cherché. Lui-même l’a déjà dit: la plus grande crainte d’un auteur, c’est d’être oublié. Cette année, on peut dire qu’il ne l’est pas."