Samouraï au Musée de la civilisation : Sous l’armure des shoguns
Grâce à une collection impressionnante, le Musée de la civilisation nous présente un regard détaillé sur l’univers des samouraïs qui ont régné sur le Japon. Une vitrine unique sur une culture raffinée où l’art de la guerre est transcendé.
Le Japon sera à l’honneur tout l’été au Musée de la civilisation. L’exposition Samouraï, qui rassemble quelques chefs-d’oeuvre de la collection Ann et Gabriel Barbier-Mueller, est le premier jalon des activités prévues à l’agenda. Principalement composée d’armures datant de l’époque Edo (du 17e au 19e siècle), période de paix et de prospérité pour le Japon, cette exposition retrace l’évolution des armures des guerriers sur plus de 600 ans. "Le Japon a été dirigé par les samouraïs du 12e siècle jusqu’en 1868, nous indique Sylvie Brunelle, chargée de projet au Musée. C’est presque 700 ans de gouvernement militaire. Dans cette collection, on trouve quelques sabres et d’autres armes [arcs et mousquets], mais la passion première de Gabriel Barbier-Mueller et de sa conjointe, ce sont les armures, surtout les casques."
Collectionneuse depuis trois générations, la famille de Gabriel Barbier-Mueller (à la tête de la compagnie immobilière Harwood International) l’a poussé très tôt à choisir un créneau pour cultiver cette activité dans un avenir rapproché. "Il raconte que c’est vers l’âge de 14 ans qu’il a indiqué à ses parents qu’il collectionnerait des armures de samouraïs. On lui a alors dit qu’on ne collectionnait pas la guerre. Mais plus tard, vers 1990, il n’a pu s’empêcher de faire l’acquisition d’une première armure. Et depuis, il n’a pas arrêté." Au point d’élaborer en ce moment une exposition permanente à Dallas, où il réside.
"À la vue de ces objets, on comprend cette fascination. Ce sont bien plus que de simples armures. Tout d’abord, il y a ce côté menaçant des masques, et l’art martial, symbolisé par ces tenues de guerre. Mais plus important encore: ces objets nous livrent un témoignage sur la culture japonaise et celle des samouraïs, une société très raffinée. Les armures ayant appartenu aux shoguns et aux haut gradés sont très éloquentes. La calligraphie, la poésie, la littérature fréquentent l’art martial." Les casques et les masques protecteurs sont particulièrement révélateurs. On voit rapidement l’influence occidentale (portugaise et espagnole) sur les formes utilisées pour leur conception, et la personnalité du samouraï s’affiche avec des thèmes choisis qui sont reproduits avec soin: l’astrologie, le bouddhisme et des figures mythologiques, comme le dragon.
Moments forts de l’exposition, les pièces ayant appartenu au clan Mori (en grand nombre) et la charge de trois samouraïs sur leur monture, qui reconstitue une scène de champ de bataille. "C’est l’importance du cheval pour le guerrier qui est ainsi montrée. Ce qui nous amène à porter un regard sur l’entraînement que le cavalier devait suivre. Le tir à l’arc à cheval, par exemple, qui explique ces étriers qui supportaient l’ensemble de la plante du pied. C’était un honneur pour un samouraï, même en période de paix, de posséder un cheval. Et bien sûr, avec les années, l’animal a fini par avoir sa propre armure, même son masque. Cette fresque équestre est un moment phare de l’exposition et permet de voir l’ensemble de ces pièces d’armures en action, dans leur contexte."